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REVUE DRAMATIQUE

COMÉDIE-FRANÇAISE
LES « JOURNÉES DES GRANDS ÉCRIVAINS. »

On ne peut pas jouer tout le temps Horace et la Fille de Roland, et j’indiquais l’autre jour une autre façon qu’auraient les théâtres de se montrer bons Français : ils n’ont qu’à puiser largement dans le répertoire et dans tout le répertoire. La littérature n’a pas de plus beau rôle que d’évoquer notre tradition et de la faire aimer. Écrivains, professeurs, conférenciers, tous ceux qui s’adressent au public, et plus particulièrement à la jeunesse, le comprennent bien aujourd’hui. Ils sentent le besoin de rechercher nos titres à travers le passé, de raviver dans les esprits l’image morale du cher pays, d’exalter, avec notre piété pour la France d’hier, notre foi dans la France de toujours. Ils s’emploient activement à ce travail qui, lui aussi, intéresse la défense nationale. Ceux mêmes qui, pendant d’assez longues années, avaient un peu négligé cette partie de leur tâche, n’y sont pas les moins ardens et se signalent par leur zèle. Un peu partout, cet hiver, on organise à travers notre histoire littéraire des croisières qui pour beaucoup sont des voyages de découvertes. Car on dit que les Français ne connaissent pas leur pays et vont chercher bien loin ce qu’ils ont chez eux ; ce n’est guère moins vrai de notre littérature : pour peu que nous entreprenions notre tour de France littéraire, nous allons de surprises en émerveillemens. Aussi la Comédie-Française a-t-elle été bien inspirée en inscrivant au programme de ses matinées du jeudi une série de « Journées des grands écrivains français. » Il y aura une Journée des poètes des XVe et XVIe siècles, une Journée des deux Corneille, et ainsi de suite, pour finir par une Journée de la Révolution,