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électorale, qui accompagnait la patente du 26 février 1861, lui accordait vingt-six sièges dans la seconde Chambre. Schmerling, pour donner à son système pseudo-constitutionnel une apparence de vérité, chercha à attirer au Reichstag, où les Hongrois refusaient de se faire représenter, les députés de la Croatie et de la Transylvanie. La Croatie, qui estimait n’avoir pas été récompensée comme elle le méritait pour avoir si brillamment contribué, en 1848, au salut de la monarchie, ne se prêta pas à cette manœuvre. Les Roumains, au contraire, y virent l’occasion de faire pièce aux Magyars et plaisir à Schmerling, qui s’était opposé à la réunion du grand-duché. En novembre 1861, un Hongrois, que tous ses compatriotes considéraient comme un transfuge de leur cause, le comte Nadasdy, fut nommé chancelier aulique de Transylvanie, un gouvernement militaire fut établi dans le pays, et le siège de l’administration transféré de la ville magyare de Kolozvar dans la ville allemande d’Hermanstadt. L’élément roumain et l’élément saxon se rencontraient dans une hostilité commune contre les Magyars et, par suite, dans un certain concours donné au gouvernement central. Cet esprit se manifesta dans le congrès roumain qui se réunit à Hermanstadt sous la présidence de l’évêque populaire Siaguna. D’autre part, en 1862 et 1863, l’Université saxonne se montra favorable au régime de germanisme et de pseudo-parlementarisme instauré par la patente de février 1861 et à l’extension des lois autrichiennes à la Transylvanie. La principauté reçut une nouvelle loi électorale et élut une Diète qui, malgré l’abstention des députés magyars et szeklers, abolit l’acte d’union de 1848, adopta les constitutions d’octobre 1860 et de février 1861, et élut ses délégués au Reichsrath que le ministre put, dès lors, avec quelque apparence, présenter comme un Reichsrath plénier. Les Roumains avaient bien mérité du centralisme. Schmerling les récompensa eu les faisant passer de l’autorité spirituelle du patriarche serbe de Carlowilz sous celle de leur compatriote Siaguna, pour qui fut créée la dignité de métropolite de l’Eglise orthodoxe roumaine.

Ce fut encore, comme en 1859, une guerre malheureuse qui obligea l’Autriche à chercher une nouvelle pondération des forces dont les tendances centrifuges l’avaient rendue impuissante à soutenir un Europe les traditions de son brillant passé. Le traité de Villafranca et la constitution d’un royaume italien