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de cet ordre ; la plupart d’entre elles ont, d’ailleurs, été discutées à maintes reprises, au cours des dernières années. Nous voudrions seulement en faire une énumération rapide, et sans doute encore fort incomplète, afin de montrer par combien de côtés le législateur peut agir, pour éviter qu’une nombreuse famille soit une charge sans compensations, et cela, non au moyen de faveurs arbitraires, mais en supprimant de véritables inégalités, absolument injustifiées. Nous indiquerons d’abord les dispositions par lesquelles il faut, dans les lois financières, sociales ou militaires, tenir compte des charges de famille pour les rendre moins difficiles à porter. Nous dirons ensuite quelques mots des précautions qui s’imposent, pour empêcher l’alcool, la débauche ou le crime de frapper à l’avance de tares souvent mortelles, de détruire même parfois volontairement les générations futures.


On a souvent proposé l’établissement d’impôts spéciaux ou de surtaxes sur les célibataires et sur les ménages sans enfans. Il serait difficile, il faut le reconnaître, d’établir d’office une taxe fondée sur des investigations concernant la situation de famille de chaque contribuable. Mais de nombreux impôts directs comportent des exemptions ou des réductions à la base et des dégrèvemens pour les petites cotes. Réserver d’une manière à peu près absolue ces exemptions ou ces réductions aux ménages qui ont élevé un nombre suffisant d’enfans est chose à la fois facile et juste : facile, puisque, à défaut de renseignemens précis, l’administration n’aura qu’à ne pas appliquer le dégrèvement, jusqu’au jour où le contribuable le réclamera, avec preuves justificatives à l’appui ; juste, car il n’existe aucune raison pour accorder ces adoucissemens de l’impôt, motivés par les difficultés de l’existence, à ceux qui s’exonèrent de la charge la plus lourde pour les ménages n’ayant d’autre ressource que leur travail, celle des enfans.

D’un autre côté, des lois de plus en plus nombreuses instituent de véritables droits à l’assistance, dans un grand nombre de cas, ajoutent des allocations de l’Etat aux retraites ouvrières et paysannes. Ces lois sont motivées par la difficulté qu’éprouvent les travailleurs à se constituer une petite épargne pour traverser une maladie ou une période de chômage, surtout à conserver