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Nous recevons de M. Pierre Nothomb la lettre suivante :


Monsieur le Directeur,

On me fait tenir le texte d’un communiqué publié le 19 mars dernier par la Gazette de Cologne et la plupart des grands journaux allemands, et reproduit depuis par plusieurs organes des pays neutres. En voici la traduction :

Voici une preuve des contre-vérités auxquelles se laissent aller les journaux et périodiques anti-allemands, qu’on prenait jusqu’ici pour sérieux : La Revue des Deux Mondes, dans son numéro de janvier, publie un article de Pierre Nothomb sur « le Martyre de la Belgique. » Le gouvernement allemand a essayé de vérifier l’origine de quelques prétendues atrocités décrites dans cet article. Le résultat de cette enquête est plus que honteux pour l’auteur.

À Beyghem, d’après l’article, des soldats assez âgés, sous la conduite du premier lieutenant Kürner, avaient amené au presbytère et violenté une jeune fille. Et la vérité ? Nous l’apprenons de la bouche du curé de Beyghem (M. Herremans) et de la jeune fille, Joséphine de C…, laquelle a été entendue tout comme la sœur du curé, Mélanie Herremans, qui a confirmé les dires de la jeune fille : le garçon (l’ordonnance) Wilhelm du premier lieutenant Kürner, logé à la cure, est venu dans la cuisine où se tenait Mlle de C… avec Mlle Herremans. Il lui mit le bras sur l’épaule et lui demanda si elle voulait devenir sa fiancée, et la jeune fille répondit en riant : « Après la guerre. » Mlle de C… termine sa déposition sous serment en déclarant : « Je n’ai pas considéré l’incident comme une importunité : et jamais aucun soldat allemand ne s’est mal conduit à mon égard. » De cet incident anodin, M. Nothomb construit le drame d’un viol ; par ses verres grossissans, il aperçoit sept hommes se lançant sur la malheureuse victime !

Parfois aussi, la vision d’atrocités de l’auteur lui fait voir des incidens qui ne s’appuient même pas sur le moindre fait réel. C’est ainsi que nous lisons qu’à Ternath, un jeune garçon, invité à indiquer la route qui conduit à Gand, ne comprit pas la question et fut mutilé aussitôt : on lui coupa les deux mains ! Le bourgmestre de Ternath, le