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cette reconnaissance, mais il s’établit d’abord par lui-même, en vertu de la force des choses et des obligations qui en résultent : tout ce qu’on peut lui demander est de s’inspirer de l’esprit qui a présidé à la fixation des anciennes règles. L’Angleterre et la France se sont toujours inspirées de cet esprit. Sans doute, le blocus qu’elles ont établi est plus étendu que celui d’autrefois, mais aucun vaisseau n’a été détruit, aucune marchandise « innocente, » comme dit le gouvernement américain, n’a été condamnée, le principe d’une indemnité pour tous les cas où la bonne foi est démontrée a été formellement reconnu. Tout ce que l’humanité exige, tout ce que la justice conseille et impose a été respecté. Avons-nous besoin de dire qu’aucune vie humaine n’a été sacrifiée ? Que peut-on demander de plus ? Le gouvernement américain ne veut certainement pas nous mettre dans l’impossibilité de nous défendre contre des procédés de guerre que, dans sa haute impartialité, il qualifie lui-même sévèrement ; et comment nous en défendre par d’autres procédés que ceux que nous employons ? Le droit des gens n’est pas une lettre morte et figée : il évolue comme tout ce qui vit ; mais il doit le faire dans le sens de la civilisation et de ses progrès. L’Allemagne va en sens inverse de ces progrès, nous nous efforçons de les continuer normalement : là est la différence.

Le gouvernement américain la sent si bien que sa réponse, accueillie par nous avec une sympathique déférence, fait naitre en Allemagne des sentimens de colère et de réprobation. Cela suffit pour la juger et la justifier.


FRANCIS CHARMES.

Le Directeur-Gérant, FRANCIS CHARMES.