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(abattoirs, et frigorifiques), ni aménagement spécial des bateaux ? Je veux bien admettre que les viandes de bœuf salées seront moins appréciées que des viandes fraîches ou frigorifiées ; mais ces qualités secondaires devraient être très bon marché, étant donné le prix du bétail dans les pays de production.

« Si les services chargés du ravitaillement le voulaient, la salaison des viandes aux pays d’origine pourrait être entreprise tout de suite, et, dans quelques semaines, nous pourrions avoir les premiers envois, en attendant mieux… »

Etant donnée la compétence de l’auteur, qui est professeur à l’École vétérinaire d’Alfort, ce projet mérite une attention spéciale. Dans son rapport récemment publié, M. M. Quentin a d’ailleurs signalé la possibilité d’avoir recours aux importations de viandes salées, fumées ou séchées. Le salage de la viande, lorsqu’il est fait avec soin, ne donne aucun mécompte. C’est une des opérations les plus simples et les moins coûteuses. L’Administration de la Guerre a, depuis une douzaine d’années, fait procéder à des expériences de demi-salage de viande de bœuf, et ces essais ont donné, paraît-il, les meilleurs résultats. Nous ne voyons pas pourquoi des achats de ce genre ne seraient pas confiés au commerce, qui organiserait immédiatement des ateliers de salage sous la surveillance et le contrôle sanitaire des agens de l’Etat. Les troupes placées dans les dépôts, les établissemens publics, et enfin la population civile auraient à leur disposition un aliment sain à des prix abordables.

À ce propos, il conviendrait de prendre rapidement des résolutions et d’agir.


Le gouvernement a cependant d’autres vues et a conçu un projet plus vaste en adoptant d’ailleurs les conclusions d’une commission spéciale, celle des viandes frigorifiées. Il s’agirait d’organiser hâtivement, — et de toutes pièces, — les transports maritimes aussi bien que de créer les installations spéciales qui permettraient d’importer des viandes congelées. Ce projet a certes le mérite de résoudre enfin un problème posé, en France, depuis vingt ans et de réaliser un progrès certain en fournissant à tous, — soldats et civils, — d’excellentes viandes moins chères que les viandes indigènes. Du même coup, on réduirait