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Il est vrai que la sienne recevait des encouragemens de la part de l’Empereur et surtout du prince de Bismarck, duquel il s’était rapproché depuis quelques années et qui le tenait véritablement sous sa domination. Son grand-père l’avait associé au gouvernement en lui accordant les moyens d’y participer sous une forme encore modeste, mais susceptible de se développer. Il souhaitait davantage. Au moment où les événemens que nous rappelons lui ouvraient l’accès du pouvoir, il venait de partir pour San Remo à l’instigation du chancelier. Il allait tenter d’obtenir de son père qu’il renonçât à la couronne et la fit passer sur sa tête. Cette démarche abominable, qui devait échouer piteusement, était le fruit des mauvais conseils auxquels il avait prêté l’oreille, la suite logique d’actes antérieurs non moins répréhensibles qui déjà faisaient dire de lui dans toutes les Cours qu’il se conduisait en mauvais fils.

Ainsi l’année 1887, déjà si fertile en péripéties, s’achevait sur une situation quasi tragique. Nous raconterons dans un prochain article quelles en furent les suites et comment fut trompé l’espoir de ceux qui souhaitaient la fin de la dictature bismarckienne.


ERNEST DAUDET.