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pèseraient d’un tout autre poids sur les décisions impériales.

Le langage du Vorwaerts, leur journal officiel, annonçait ce noble geste, La guerre y était présentée comme offensive de la part de l’Autriche et le gouvernement allemand rendu responsable des décisions de son alliée (27 juillet). Le pire danger venait non pas de la Russie mais de l’Autriche. L’Autriche ne pouvait, à moins de préméditation, se refuser à l’arbitrage proposé par l’Angleterre (28 juillet). L’Angleterre et la Russie n’ayant pu assurer la suspension des hostilités autrichiennes « l’empereur d’Allemagne, en secouant sa toge, va dégager la paix ou la guerre. Sa responsabilité est effrayante (30 juillet). » Ceux qui, en Allemagne, poussent à la guerre accusent la Russie, le Vorwaerts la défend : les politiques réalistes ne doivent pas oublier l’amitié intime qui unit la Russie à la Serbie. Il ne faut pas laisser l’Autriche heurter, sans le plus léger ménagement, la politique du Tsar, défenseur de la Serbie. La mobilisation autrichienne a précédé : la Russie mobilise partiellement, et, grâce à cette mobilisation, le parti militaire à Berlin prend la haute main et soutient que l’Allemagne doit répondre en attaquant. Le Vorwaerts réfute cet argument : la mobilisation russe est lente, les Russes prennent simplement des mesures de sauvegarde, sans caractère de provocation. On peut continuer à négocier (31 juillet).

Ce même jour, les délégués allemands, à leur retour de Bruxelles, trouvaient l’Allemagne soumise à l’état de guerre menaçant, autrement dit à l’état de siège, et, après avoir protesté à Bruxelles contre l’aveu d’impuissance des socialistes autrichiens qu’exprimait le docteur Adler, ils confessaient, dans un manifeste, la même détresse : vainement ils avaient tenté d’arrêter les classes dirigeantes, les règles rigoureuses de l’état de guerre atteignent avec une effrayante sévérité le mouvement ouvrier, que les ouvriers se montrent prudens, qu’ils ne compromettent pas leurs organisations… Cette guerre sera la dernière. Manifeste que M. La Chesnais résume excellemment en ces termes : « Pas de bêtises, soyons bien sages, il faut subir ce qu’on ne peut empêcher. »

La question des crédits allait se poser à la séance du Reichstag, le 4 août. Dans un entretien, M. de Bethmann-Hollweg avait reconnu que leurs principes interdisaient aux socialistes de les voter. Le 1er août, un membre du comité directeur,