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ouvrière, adopter toute mesure compatible avec la défense individuelle, mais se montrer fraternels et bons. » On verra bientôt comment les camarades allemands, dont les rapports avec les Belges avaient été jusque-là si intimes, ont répondu à ces avances humanitaires.

En Angleterre, les partis socialistes sont bien loin de présenter le même accord qu’en France et en Belgique. Le British socialist party, — analogue aux guesdites, organisation restreinte, qui ne compte aucun membre à la Chambre des Communes, et dont Hyndman est l’un des chefs les plus écoutés, — avait pris parti, dès le début, pour le gouvernement et les Alliés. Tandis que Keir Hardie, prédicant écossais, leader de la secte rivale, l’Independent labour party, obsédait les Congrès de ses motions dégrève anti-militaire, M. Hyndman, seul dans l’Internationale, se déclarait pour les armemens ; il ne concevait pas d’autre moyen de tenir l’Allemagne en échec.

Au début de la guerre, Keir Hardie et ses 20 000 adhérens, qui forment l’aile gauche du Labour party, puissante organisation politique et parlementaire des Trade-Unions, Henderson secrétaire de ces Unions, appelé depuis à un poste ministériel, Ramsay Macdonald, président du groupe travailliste à la Chambre des Communes, se prononçaient contre toute participation de l’Angleterre au conflit européen sur le point d’éclater. « Le peuple n’est pas consulté, disaient-ils en substance. Les faits démontrent que les classes dominantes veulent nous allier activement au despotisme russe. Ce serait le fléau du monde. Les monstrueux temps de pillage et de massacre sont passés. A bas la domination de classe, à bas la guerre ! » Le 2 août, un grand meeting de protestation remplissait Trafalgar Square. Les mineurs de Cardiff décidaient de ne pas fournir de charbon à la flotte. En Allemagne, ils eussent été aussitôt arrêtés et fusillés.

A la Chambre des Communes, les orateurs du parti travailliste reprochaient vivement à sir Edward Grey sa diplomatie secrète, le système d’alliances qui conduisait à la guerre, tout en reconnaissant ses derniers et suprêmes efforts pour maintenir la paix : les engagemens avec la France et la Russie, allaient plus loin que la Chambre n’en avait été instruite. Mais, l’envahissement de la Belgique une fois connu, les représentans des Trade-Unions se ralliaient aussitôt au gouvernement.