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Vers dix heures, nous faisons exploser une mine sous une tranchée allemande dans la région du Four-de-Paris. Une section d’un bataillon de chasseurs saute dans l’entonnoir et pousse jusqu’à la ligne suivante.

Une forte contre-attaque allemande débouche aussitôt en colonnes par quatre ; elle refoule légèrement nos élémens et parvient jusqu’à la tranchée qu’a bouleversée l’explosion. Mais, prise sous les feux de l’infanterie et de l’artillerie, elle recule bien vite, laissant beaucoup de morts sur le terrain.

Mais c’est sur la croupe Blanleuil que nous avons préparé notre principale attaque. Tous les détails en ont été soigneusement réglés. Trois fourneaux de mines sont chargés depuis quatre jours sous les positions de l’ennemi. Les bataillons qui donneront l’assaut se sont reposés. Les hommes ont été exercés au lancement des bombes.

Ces troupes sont réparties en trois échelons :

1° Une compagnie qui a pour mission de sauter sur l’ouvrage aussitôt après l’explosion, de le dépasser et de pousser en avant le plus loin possible.

2° Une compagnie chargée de soutenir la première et d’organiser la position acquise.

3° Un bataillon pour nourrir l’attaque et exploiter le succès.

Chaque colonne d’assaut est précédée de lanceurs de bombes ; puis des chasseurs baïonnette au canon ; des sapeurs du génie porteurs d’outils et de sacs à terre ; enfin, une mitrailleuse.

A huit heures, le feu est mis et les fourneaux de mines explosent sous les tranchées allemandes ; l’un d’eux fait éclater en même temps une mine qui avait été préparée par les Allemands. Au même moment, l’artillerie exécute un tir de barrage à l’arrière des positions de l’adversaire et bat violemment les points d’où l’ennemi pourrait flanquer les positions attaquées.

Deux minutes après, débouchent des boyaux, dans lesquelles elles sont formées, les trois colonnes d’assaut enlevées par les chefs de section, marchant en tête et encouragés par le commandant qui mène l’attaque. Celui-ci, un soldat magnifique, debout sur le parapet, la canne à la main, indique à chacun du geste le point où il doit se porter. Les colonnes bondissent sur l’ouvrage ennemi, y pénètrent par trois points et tuent tous les