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fabriquer des poudres où le chlorate était substitué au nitrate. Toutes ces tentatives aboutirent sans exception à des explosions désastreuses qui jetèrent un discrédit complet sur l’emploi du chlorate. Parmi ces accidens, l’un des plus fameux faillit coûter la vie à Berthollet et à Lavoisier. Cependant, lorsque la fabrication par électrolyse des alcalis (soude et potasse) permit d’envisager la production, à très bas prix, des chlorates, on reprit ces essais de divers côtés avec d’autant plus d’ardeur que les poudres chloratées sont extrêmement puissantes. On avait établi d’ailleurs que l’instabilité des poudres chloratées dépendait surtout du choix des combustibles de ces poudres et le soufre de la poudre noire était spécialement à incriminer. En fin de compte, un chimiste anglais, M. Street, trouva moyen de domestiquer le chlorate si redouté en le mélangeant à un corps gras (en principe l’huile de ricin) et en lui adjoignant des corps combustibles appropriés. C’est ainsi qu’on est arrivé à constituer les cheddites qui sont des explosifs puissans et moins sensibles au choc que les dynamites par exemple. Je dis les cheddites, car il en existe de différentes compositions correspondant à des proportions variables de leurs constituans et à des usages variés.

La fabrication à bon marché des chlorates étant aujourd’hui réalisée très facilement par l’électrolyse, on conçoit que notre Dauphiné constitue une région très favorable pour cette fabrication, grâce à ses chutes d’eau qui fournissent l’électricité à très bas prix.


Parmi les substances qui sont aujourd’hui employées concurremment avec les précédentes pour les besoins de la guerre, après avoir eu déjà maint emploi dans les industries de la paix, nous citerons pour terminer la dynamite et ses succédanés, qui servent particulièrement pour faire sauter les galeries de mines et les ponts.

La dynamite a d’ailleurs eu un emploi en quelque sorte intermédiaire entre ses usages militaires et ses usages industriels, à l’époque pas très éloignée où Ravachol et ses naïfs imitateurs anarchistes prétendaient imposer leurs conceptions sociales à la France à l’aide de bombes chargées de l’ingénieux produit de Nobel. On ne saurait s’étonner de leur insuccès, lorsqu’on voit aujourd’hui l’Empereur teuton, malgré des moyens infiniment plus puissans, et qui procèdent d’ailleurs d’une mentalité analogue, ne point réussir pourtant à persuader le peuple français de la justesse de ses désirs.

L’élément, agissant de la dynamite est la nitroglycérine, qui dérive