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incorporées dans notre domaine national et travaillées, pour ce domaine, pendant vingt ans, jusqu’en 1814. Le traité de Paris de 1814 nous laissa, en grande partie, la région septentrionale, riche et utile, où le terrain houiller affleure au jour, et c’est seulement en 1815 que nous en avons été dépossédés. Mais, encore en 1870, nous possédions plus au Sud, onze concessions qui produisent aujourd’hui 4 millions de tonnes.

Quant à l’étendue du domaine fiscal dans ce bassin, elle est considérable et comprend, notamment, toutes les mines de la Prusse rhénane qui, en 1913, ont donné au fisc prussien 12,5 millions de tonnes, beaucoup d’autres dépendant du fisc Bavarois et une autre région, non encore concédée, qu’une loi spéciale a réservée à l’État.

La valeur de ce bassin pour la France doit s’évaluer, non seulement par le tonnage qu’il donne déjà, mais par celui qu’il est susceptible de fournir. Son extraction de 1913 a été de 17,1 millions de tonnes. Il serait sans doute facile d’augmenter ce chiffre. Car cette extraction relativement faible provient d’une superficie utile de 220 000 hectares, alors que notre bassin de Valenciennes, pour 28 millions de tonnes, a seulement une superficie utile de 105 000 hectares. Le bassin possède, comme réserves certaines, jusqu’à 1 500 mètres, 12,5 milliards de tonnes, dont 8 au-dessus de 1 000 mètres. C’est, il est vrai, du charbon assez médiocre, par rapport aux beaux charbons de Westphalie ou du Nord et qui fournit du coke encore plus médiocre. Mais il est néanmoins parfaitement utilisable et, comme quantité, sinon comme qualité, ce bassin suffirait presque à remplacer nos importations actuelles.

Le problème de la Westphalie, auquel j’arrive, est plus complexe ; car il ne saurait être question d’annexer ce bassin, quoiqu’il puisse y avoir lieu de l’occuper provisoirement, si l’Allemagne est contrainte à nous payer par annuités une indemnité de guerre. Là, c’est le traité de commerce futur qui doit surtout intervenir, dans des conditions difficiles à indiquer d’avance, parce qu’elles dépendent trop complètement des événemens militaires, mais pour lesquelles des combinaisons multiples, destinées à être discutées plus tard, se présentent néanmoins à l’esprit. Fût-ce même à titre d’échange contre des minerais de fer, on pourrait stipuler des livraisons annuelles de houille et de coke qui seraient facturées à la frontière