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M. Joly de Fleury, ancien procureur général, alla, aux lieu et place du chancelier empêché par ses infirmités, s’installer à Saint-Cloud où ses qualités de fin causeur et joyeux convive furent très appréciées des dames de la Cour.

Quelques mois auparavant, le Duc d’Orléans, dont les forces déclinaient au point qu’à peine il pouvait écrire encore, fit le testament dont nous donnons ici les dispositions principales.

Aucun dérangement d’esprit ne se manifeste dans ce document dont tous les détails paraissent avoir été mûrement pesés.


Testament du Très Haut, Très Puissant et Très Excellent Prince Monseigneur Louis d’Orléans, Duc d’Orléans, Chartres, Valois Nemours et Montpensier, Prince du sang.


Au nom du Père, etc.. je recommande mon âme à Dieu par les mérites de N.-S. J.-C, par l’intercession de la très sainte Vierge et de tous les Saints, luy demandant de m’accorder le pardon de mes péchés, spécialement de ceux de ma jeunesse dont je n’ai point fait une pénitence proportionnée à ce qu’ils méritoient et de ceux de toute ma vie qui pourroient m’avoir été inconnus ou avoir échappé à ma mémoire et à mon intention.

Je veux qu’aussitôt après qu’on se sera assuré de ma mort par les signes ordinaires et les voies usitées, on procède à l’ouverture de mon corps selon les loix d’anathomie et des dissections ordinaires.

Si les médecins et chirurgiens qui seront alors auprès de moy ou qui assisteront à l’ouverture de mon corps, jugent utile, pour le progrès des sciences de médecine et de chirurgie, de conserver quelques parties de mon corps et de leur faire souffrir des macérations, d’y faire des injections et telles autres opérations qui se pratiquent sur les parties des cadavres pour l’instruction plus complète des médecins et chirurgiens déjà formés, je consens et ordonne même que mon corps serve à tous ces usages, pourvu qu’on n’y employé que les parties qui se trouveront avoir quelques singularités ou de conformations naturelles ou d’accidens de maladie, en telle sorte que la plus grande partie et comme la totalité morale de mon corps, soit enterrée on terre sainte avec les prières usitées dans l’Eglise, ainsy qu’il sera expliqué cy-après.