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vers Tsevie et qu’avait fait dérailler un obstacle placé sur.la voie par le lieutenant Collins de la compagnie du 1er régiment de la Côte d’Or.

Le 16 août, à sept heures, on amena comme prisonnier le baron Godelli, constructeur de la station radio-télégraphique de Kamina.

Nos alliés, à Sani-Koje, constatèrent pour la première fois la présence de l’ennemi. La route portait les traces d’une retraite démoralisée. Ce n’était qu’armes, effets d’équipement, bicyclettes et poneys abandonnés sur le chemin.

Bientôt, il fut constaté que le bruit d’une fusillade nourrie, dont les éclats arrivaient jusqu’à la colonne dont nous suivons les évolutions, n’était autre que celui de l’attaque opérée par le capitaine Potter et la compagnie n° 1 dont on était sans nouvelle. Ces braves venaient de capturer, à Ekuni, le reste du train, ainsi que deux locomotives. 16 Européens, une mitrailleuse Maxim, des armes et des munitions constituaient le butin de celle heureuse opération.

Revenant un peu en arrière, nous voudrions, en quelques mots, dire ce qu’avait fait cette compagnie n° 1. Le 15 août, vers quatre heures, elle avait fait halte sur la route, près d’Ekuni. Tout à coup, elle entend le bruit d’un train qui se dirigeait vers Tsevie. Le lieutenant Collins et M. Kilby, attaché au service de renseignemens, avec une section guidée par un indigène Haoussaman, se lancèrent par une piste de brousse jusqu’à la voie ferrée. Ils empilèrent des pierres à deux cents mètres au Nord du pont d’Ekuni. Puis, laissant là leurs hommes prêts à agir, les deux chefs suivirent la voie jusqu’au pont. Là, ils enlevèrent une plaque en tôle non fixée et la posèrent en travers des rails. Cela fait, une section fut placée en embuscade. Bientôt, on percevait le bruit de l’arrivée d’un train. Il fut arrêté par les pierres entassées sur la voie, mais, quand le lieutenant Collins arriva avec ses hommes baïonnette au canon dans l’espoir de s’en emparer, déjà le convoi rebroussait chemin et l’officier n’eut plus qu’à rallier le gros de sa troupe. D’un autre côté, le capitaine Potter, avec le reste de la compagnie n° 1, voulut cerner le deuxième train ; mais, quoiqu’il eût pris position tout à fait contre la voie, le train put passer à toute vitesse.

La gare d’Agbelufoe fut alors occupée et mise en état de défense. Assez tôt dans la soirée, l’ennemi venant du Sud