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souscrire au minimum 90 francs de rente nouvelle 5 pour 100 et verser 924 francs, en espèces, ses titres étant admis pour 660 francs, ce qui complétera la somme de 1 584 francs, qui représente le prix de 90 francs de rente 5 pour 100 à 88. Des facilités ont été données aux déposans de Caisses d’épargne, pour qui, à l’occasion de l’emprunt, la clause de sauvegarde, limitant les retraits à 50 francs par mois, a été supprimée : ils pourront retirer la totalité de leur dépôt, à condition de faire, en espèces ou en titres assimilés aux espèces, une souscription double de ce dépôt.

Il était impossible de prévoir dans quelle mesure les porteurs de 3 pour 100 useront de la facilité qui leur est accordée, quelle sera l’importance des retraits de Caisses d’épargne, dans quelle mesure les porteurs de Bons et d’obligations de la Défense nationale échangeront leurs valeurs contre la nouvelle rente. Il eût donc été imprudent de limiter à une somme fixe le montant de l’emprunt, qui sera déterminé le jour où un arrêté ministériel déclarera la souscription close : le 15 décembre marque la date extrême de cette clôture.

Si nous ajoutons que le versement de souscription n’est que de 10 francs par 5 francs de rente, et que les trois autres termes de 26 francs chacun sont échelonnés le 15 janvier, le 15 février et le 15 mars 1916, nous aurons indiqué les conditions essentielles de cette émission grandiose, qui est destinée à constituer la plus vaste opération de ce genre que la France ait encore jamais exécutée. « Le sort, comme l’a dit M. Ribot, en est confié au pays lui-même, maître de ses destinées, qui comprend que sa vie est en jeu, vie nationale et vie morale de la France, en présence de l’invasion qui la menace des pires retours de la barbarie. Il faut le dire à tous, aux plus humbles, aux moins instruits : c’est un devoir qu’ils ont à remplir envers la patrie ; ils n’ont pas le droit de garder, de ne pas donner à la défense nationale leurs économies. Dans une lutte sans merci, le salut d’un seul ne peut être trouvé que dans le salut de tous. Celui qui se refuserait ou se déroberait s’il a été éclairé, si on lui a dit la vérité, celui-là serait coupable envers la patrie. Il faut apporter les réserves dont on dispose, au lieu de les garder jalousement comme un avare. À cette heure, l’égoïsme n’est pas seulement une lâcheté, une sorte de trahison, mais il est la pire des imprévoyances. Que deviendraient ces réserves si la