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Voici la première :


« À Maxe Couxe Tsesalo[1], trésorier de l’empereur de Constantinople, XVI cents livres pour ledit empereur, en déduction de la plus grande somme en août MCCCC. »


La seconde est ainsi conçue :


« À Regnaut Pisdoc, changeur, pour un hanap et une aiguière d’or, délivré au Roy, notre Sire, qui l’a fait présenter de par luy à l’empereur de Constantinople. »

Louis, troisième Duc de Bourbon, oncle maternel de Charles VI, dont l’hôtel était tout voisin du Louvre, se distinguait entre tous les oncles du roi et les princes du sang par les attentions dont il comblait Manuel. « De quoy l’Empereur et sa chancellerie grezoise[2], dit l’historien de Louis, d’Orronville, l’avoient moult à gré. Et par iceux jours que l’Empereur grezois estoit à Paris, fut faict le mariage de Jean, comte de Clermont, fils au Duc de Bourbon, et de l’excellente et vertueuse princesse, dame Marie, fille au Duc de Berri, laquelle avoit esté comtesse de Blois et d’Eu ; où fut la feste grande et solennelle. »

Le Religieux de Saint-Denys, nous a conservé le détail de cette fête nuptiale splendide, qui fut célébrée le 24 juin, jour de la Saint-Jean-Baptiste, donc peu de jours après l’arrivée de l’empereur. Celui-ci et sa suite durent y concevoir une idée extraordinaire de la magnificence et de la galanterie de la Cour de France ! Le roi Charles avait voulu prendre à sa charge et célébrer royalement ces noces de deux enfans de la maison de France. Le banquet nuptial fut servi au fameux Hôtel Saint-Pol, au quai des Célestins, sur une vaste table en fer à cheval, couverte d’un riche tapis tissé de lis d’or. Un dais superbe, également tout semé de fleurs de lis d’or, s’élevait au-dessus des convives. La nouvelle mariée, « l’auguste comtesse d’Eu, fille de monseigneur le Duc de Berri, oncle du Roi, et veuve du comte d’Eu, connétable de France, qui avait péri dans l’expédition de Hongrie, » était au milieu, entre le roi Charles et la reine Isabeau. De l’autre côté du roi était assis l’empereur

  1. Pièce intitulée : Quatorzième compte extraordinaire de Charles Poupart jusqu’au 1er octobre 1400.
  2. Pour « grecque. »