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convois de renforts, de munitions, de matériel, on ne croit pas tout perdu : aux « raids » des coureurs ennemis on oppose des moyens appropriés et qui réussissent. Il n’en va pas autrement sur mer.

Dans l’Adriatique, reconnaissons-le, le problème se complique de la possibilité de l’intervention du gros de la flotte autrichienne. Peut-être, cependant, les adversaires immédiats de nos alliés du Sud-Est, peu désireux de compromettre leurs nouveaux dreadnoughts, — précieuses et fragiles idoles ! — avec la flotte du duc des Abruzzes, jugeront-ils suffisante l’action des sous-marins de Cattaro, combinée avec celle des escadrilles de grands torpilleurs qui rôdent sournoisement dans le dédale des îles Dalmates et des groupes d’avions auxquels on a dû ménager des « centres d’aviation » dans ces parages…

Dans quelle mesure la perspective d’attaques partielles d’un corps expéditionnaire, confié à la douteuse fortune des eaux, peut-elle tenir en suspens les résolutions du gouvernement italien ? Nous l’ignorons. Nous savons seulement que le temps presse et que nos habiles Alliés ne craindront pas de courir des risques, d’ailleurs limités, pour obtenir des résultats qui importent tant à la cause commune.

J’écrivais tout à l’heure que les Russes avaient, eux aussi, à considérer l’éventualité du transport de leur armée expéditionnaire par la voie de mer. Pour tout dire, il semble bien qu’ils préféreraient la voie de terre. On s’en assure à ce port danubien de Reni, que le Tsar vient de visiter et où s’accumulent troupes, matériel… et chalands de débarquement, prêts à jeter une forte avant-garde sur la rive de la Dobroutscha. Mais cette rive est roumaine. Il faut négocier. Peut-être ces négociations, qui rappellent singulièrement celles de 1877, auront-elles abouti au moment où ceci paraîtra. Tout arrive, même la conclusion des pourparlers dans les Balkans ; seulement, cette conclusion n’est pas toujours h. notre avantage.

Supposons qu’il en soit encore ainsi, cette fois, et que la Roumanie se refuse à des complaisances qui l’engageraient trop avant vers la Quadruple-Entente. Il faudra bien se résoudre au transport par mer, en dépit du Gœben, du Breslau, des restes de la marine turque, des torpilleurs bulgares et des quatre sous-marins allemands déjà installés, dit-on, à Varna. Notons tout de suite que le nombre de ces derniers pourra s’accroître, s’il