Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La date du 25 juillet est celle de la mise en vigueur de l’arrêt des États de Hollande. Aussitôt, les théologiens, se sentant couverts par l’autorité suprême, se livrèrent à des exécutions préméditées, et Spinoza fut excommunié le jour même.


X

Or, Rembrandt avait eu, dès ses débuts à Leyde, comme admirateur et protecteur, le secrétaire des commandemens du Stathouder Frédéric-Henri de Nassau, M. de Zuylitchem, le lettré Constantin Huygens, l’ami personnel de Descartes et le correspondant de Pierre Corneille. C’est pour lui que le Père Mersenne envoya à Descartes les plans des grands jardins français ; c’est l’un de ses fils, l’illustre physicien, qui s’exerçait en 1630 à copier en fac-similé des dessins de Rembrandt. C’est à Huygens que le jeune Maître dut ses commandes de tableaux pour le Stathouder en 1633-1640 ; c’est à lui qu’on est redevable des plus précieuses observations sur la jeunesse de Rembrandt.

M. de Zuylitchem était l’un des Cartésiens les plus enthousiastes, et il est vraisemblable qu’il dut initier le peintre à la « Méthode » qui correspondait si bien à sa façon de sentir et de raisonner. Certes, Rembrandt ne pouvait entendre tout le latin, ni le français, de René Descartes ; mais il est manifeste qu’il fit, à son exemple, table rase de tout ce qu’on lui avait enseigné, pour se créer une méthode d’observation directe et personnelle qui lui valut tout d’abord de beaux triomphes, mais qui, poussée avec logique et progression, ne pouvait que l’éloigner de la compréhension moyenne des foules, représentées par leurs élus, et ameuter contre lui les mêmes esprits qui condamnaient la doctrine de Descartes.


Durant ce temps, une autre calamité collective accablait les marchands, en s’attaquant, cette fois, à leurs fortunes. Les corsaires d’Ostende et de Dunkerque pillaient tous ceux de leurs bateaux qui tentaient de passer le détroit entre Douvres et Calais ; ils poussèrent même l’audace jusqu’à dépouiller complètement un ambassadeur d’Angleterre qui se rendait à Amsterdam, au moment même où il venait de quitter le navire de guerre qui l’avait amené en vue des côtes de Hollande. Ailleurs les pirates d’Alger, de Tunis et de Salé ruinaient entièrement