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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/214

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droits économiques et de colonisation. Peu de mois avant la guerre, une expédition technique allemande, assistée de quelques hauts fonctionnaires portugais, était partie pour le Sud de l’Angola, afin d’étudier un tracé de chemin de fer reliant les réseaux de l’Angola et du Sud-Ouest africain allemand. »

Voilà qui est instructif à plus d’un titre : ainsi, de l’aveu même de l’un des plus persévérans apôtres de l’idée coloniale en Allemagne, le traité franco-allemand de 1911, ainsi que les négociations postérieures avec l’Angleterre, ouvrait aux affaires allemandes les plus belles perspectives dans l’Afrique centrale. Les milieux économiques et politiques de l’Empire allemand avaient compris les leçons de l’expérience : ils avaient appris à user des formules diplomatiques, aussi pratiques que courtoises, créées par le XIXe siècle à son déclin, pour concilier les principes et les intérêts en apparence inconciliables ; ils abordaient dès lors résolument un programme de réalisations pacifiques, qui pouvaient assurer au commerce allemand un champ d’action privilégié de la plus haute valeur. La prospérité des affaires anglaises dans cette Égypte, où subsistaient à la fois le principe de la porte ouverte et la suzeraineté idéale du Sultan, permettait aux Allemands d’escompter, soit dans l’Angola, soit au Congo belge, des succès analogues, au moyen de ces « ententes » qui sauvegarderaient respectivement la souveraineté de plus en plus nominale de la République portugaise ou du roi Albert. Il suffisait de prendre position tout d’abord le plus solidement possible dans le monde financier des deux petites métropoles, de s’assurer le « contrôle » de leurs principales affaires coloniales, de peupler celles-ci d’ingénieurs et d’agens allemands et d’exercer, un jour venant, sur les milieux politiques, toute la pression morale du prestige de l’Allemagne comme grande Puissance, si quelque mouvement chauviniste venait par hasard entraver les « intérêts spéciaux » qu’on se serait ainsi ménagés. On sait à quel point les Allemands avaient su déjà s’insinuer dans le monde des affaires à Bruxelles et surtout à Anvers. Ils n’avaient pas agi différemment en Hollande, ou ils exercent, notamment à Rotterdam, une influence considérable au point de vue commercial et financier. Peut-être avaient-ils quelque arrière-pensée d’accaparement de ce riche marché, ainsi que des magnifiques colonies d’Extrême-Orient qui l’alimentent ? Est-il besoin de