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de l’Iron Duke, jetant cette brève réponse : « Tenir ! » à la question : « Mylord, quels sont vos ordres ? » — et magnifiquement réalisée par l’invincible résistance des baïonnettes anglaises aux charges épiques de la cavalerie française sur le plateau de Mont-Saint-Jean.

Aujourd’hui, cette précieuse vertu guerrière, que les Anglais appellent d’un mot intraduisible la doggedness (de dog, chien), s’affirme toujours dans l’âme de nos braves combattans alliés. La vigueur physique de la race et ses qualités morales, aptes à se transformer en vertus guerrières, prédisposent admirablement l’Anglais à faire un soldat.


Chose singulière ! cette obligation militaire qui paraît si lourde aux esprits anglais, toutes les jeunes Dominions qui ressortissent à l’Empire britannique en ont adopté le principe. En prenant conscience de leur existence autonome, elles ont voulu se donner, entre autres organes d’une vie propre, le noyau d’une armée nationale par une loi militaire.

Le Commonwealth of Australia donnait l’exemple. Bien que sa situation insulaire la mette à l’abri de l’invasion tout comme le Old England, l’Australie, depuis les progrès de l’expansion slave en Extrême-Orient, a eu la hantise d’un débarquement de troupes russes, en cas de conflit russo-anglais, le fameux duel tant de fois prédit entre l’Ours et la Baleine. C’est sous l’empire de cette crainte qu’était votée en 1906 le Commonwealth Defence Act, en vertu duquel des périodes d’instruction militaire sont imposées aux junior cadets de douze à quatorze ans, aux senior cadets de quatorze à dix-huit, enfin à tous les citoyens de dix-huit à vingt-six ans dans les Citizen forces. En cas de guerre sur le territoire, tous les hommes valides sont appelés à porter les armes. On sait qu’à l’appel de la mère patrie, le gouvernement du Commonwealth a répondu par l’expédition d’un corps australien de volontaires, dont M. Asquith a fait connaître l’effectif dans son grand discours du 2 novembre, 92 000 hommes, sans compter 25 000 New-Zélandais. Le magnifique entraînement physique de ces soldats, ainsi que leurs qualités spéciales d’adresse, de bravoure et d’audace, ont fait l’admiration des troupes britanniques combattant à leurs côtés,