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ministre reçoive sa réalisation, afin de maintenir le principe de l’enrôlement volontaire, en ce qui concerne dans l’avenir le service des hommes mariés. Je ne considère pas que le système proposé puisse être regardé comme une dérogation au système volontaire. Il affecte seulement pendant la période des hostilités une seule classe d’hommes parmi lesquels, sans doute, certains n’ont qu’une piètre idée de leurs devoirs de citoyens. A ceux-là, il faut une persuasion plus grande qu’un appel à venir se ranger sous les drapeaux. »

Le chef du War Office, on le voit, semble garder une foi indéfectible dans le principe du Système volontaire.

Nous avons exposé l’irréductible opposition du Labour Party à tout mode d’obligation militaire. Aussi les adversaires du Bill tentaient un dernier effort. Au grand Congrès des Trade-Unions, dont on sait la puissante organisation, tenu le 6 janvier au Central Hall de Westminster, dans une assemblée représentant trois millions de travailleurs, un amendement en faveur du service obligatoire était repoussé par 541 000 voix contre 2 121 000.

A la suite de ce vote, M. G. Henderson, ministre de l’Instruction publique, annonçait qu’il donnerait sa démission de ministre et de député pour en appeler à ses électeurs.

Cependant, le 7 janvier au soir, les débats sur le Bill militaire prenaient fin : et le projet était adopté en première lecture par 405 voix contre 105, la minorité comprenant des nationalistes irlandais, quelques membres dissidens du Labour Party et quelques radicaux.

Malgré cette majorité imposante, la démission de trois membres du Ministère de coalition laissait flotter un certain malaise : et certains milieux politiques considéraient la situation comme assez sérieuse pour faire envisager des élections générales.

Mais, outre que l’agitation inséparable de celles-ci donnerait aux nations alliées un déplorable exemple, qui serait exploité par l’opinion ennemie, il semble, comme l’a fait remarquer un membre du Parlement, M. Duke, qu’une saine compréhension de la situation interdise de risquer une chute du Gouvernement et une rupture de la trêve des partis pour un groupe d’hommes qui persistent à manquer à leur devoir envers le pays.

Quoi qu’il en soit, le voluntary system parait définitivement