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enchères et adjugé au prix de 78,52. Le 9 décembre 1844, 200 millions du même fonds trouvèrent preneur à 84,75 ; le 8 août 1847, 350 millions furent souscrits à 75,25. En même temps qu’il procédait à ces émissions, le gouvernement se préoccupait de consolider la Dette flottante, de plus en plus considérable, qu’il contractait vis-à-vis des Caisses d’épargne par suite de l’afflux des versemens des déposans. À plusieurs reprises, des rentes furent remises à la Caisse des dépôts et consignations, en représentation des sommes dont elle était créancière à la suite de la remise.faite par elle au Trésor des fonds des porteurs de livrets.

L’un des traits particuliers de l’histoire de la Dette française sous Louis-Philippe, c’est la répétition des tentatives, toujours infructueuses, qui furent faites de convertir la rente 5 pour 100. Ce fonds se maintint au-dessus du pair pendant la majeure partie du règne et atteignit souvent des cours très élevés. Dès 1836, un ministre et plusieurs députés demandèrent, sans succès, qu’il fût procédé à l’opération. L’idée fut reprise en 1838 ; la Chambre des députés, dans sa séance du 5 mai, adopta une proposition en vertu de laquelle la conversion devait avoir pour effet de réduire au moins de moitié le service de la rente sans augmenter le capital de plus d’un cinquième ; mais la Chambre des pairs la rejeta. En 1840, Hippolyte Passy, ministre des Finances, déposa un nouveau projet, qui fut défendu par son successeur, Pelet de la Lozère, et encore une fois repoussé par la Chambre haute. Garnier-Pagès en 1844, Muret de Bort en 1845, M. de Saint-Priest en 1846, rouvrirent la question, sans obtenir plus de succès.

Une loi importante en ce qui concerne la Dette publique fut celle du 10 juin 1833, qui décida que la dotation de la Caisse d’amortissement, dont le chiffre était alors de 44 millions, serait répartie au marc le franc du capital des diverses dettes 5, 4 1/2, 4 et 3 pour 100, pour être employée à des rachats ; mais bientôt une partie des disponibilités de la Caisse d’amortissement fut appliquée a l’acquisition de rentes nouvelles émises par le Trésor et non plus à l’annulation de titres retirés du marché. Dès lors, le but de l’institution était faussé ; aussi les résultats, qui avaient encore été considérables pendant les trois premières années de la monarchie de Juillet, puisqu’ils s’étaient traduits par des rachats de près de 13 millions de rentes,