Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/635

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
VOYAGE DANS LES ABRUZZES
ET
LES POUILLES
(3-17 MAI 1914)

J’ai fait, au printemps de l’an dernier, avec des amis, dans les Abruzzes et les Pouilles, deux des provinces italiennes les plus rarement visitées, une courte et magnifique excursion. Je n’avais jamais encore été dans les Abruzzes. J’avais, il y a quelque vingt ans, visité rapidement Bari et Lecce, villes des Pouilles. Ce voyage dans ces deux provinces, devenu aujourd’hui aussi facile, grâce à l’automobile, qu’il était jadis presque impossible, demeurera un de mes beaux souvenirs. Nous sommes parmi les premiers à l’avoir accompli. J’engage vivement tous ceux qui aiment à admirer de superbes monumens et de non moins superbes paysages de montagnes à ne pas se priver de ce grand plaisir.

Nous n’avions exactement que quinze jours devant nous. Grâce à une excellente 40 HP, — car une voiture puissante est indispensable, — nous avons réalisé presque tout notre programme, supérieurement établi par M. E. Bertaux, l’érudit français qui certainement connaît le mieux ces contrées.

Nous sommes sortis de Rome par la place Saint-Jean-de-Latran, puis, par Tivoli, nous avons rapidement gagné Tagliacozzo. Le champ de bataille où sombra la fortune du malheureux Conradin, le dernier des Hohenstlaufen, s’étend au pied de la ville, accotée à un contrefort de l’Apennin. Le site est fort