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1 310 inscrits, dispensés comme soutiens de famille, n’avaient qu’une année de service à accomplir.

Déjà dans une mission accomplie en 1912, le contrôle constatait que si le total des inscrits maritimes restait stationnaire, le chiffre des inscrits présens au service avait au contraire fléchi dans une mesure très appréciable. Sur 30 000 inscrits environ comptant dans les cadres, 12 ou 13 000 s’étaient fait inscrire depuis leur arrivée au service, si bien que l’apport réel de l’inscription n’était que de 17 000 hommes. En l’espace de dix années, de 1900 à 1910, le nombre des marins fournis à l’Etat par l’inscription maritime s’était abaissé de 3 000 unités. Parmi les causes de cet « abandon du service marqué de la carrière des équipages de la flotte, » le rapport citait : « le désir de jouir de la liberté que comporte 1a vie civile et le peu de goût des pêcheurs bretons pour les études théoriques nécessaires à l’obtention des brevets de spécialité. » Chose inquiétante, le fléchissement portait principalement sur des quartiers qui étaient à bon droit considérés comme les pépinières de marins de l’Etat : ainsi Paimpol qui, sur 8 731 inscrits, donnait en 1900 1 946 matelots, n’en fournissait plus en 1910 qu’un contingent de 1 472. Il était manifeste que les marins venaient tout autant qu’autrefois à l’Inscription maritime, mais qu’ils renonçaient de plus en plus au service dans les équipages de la flotte en retardant l’époque de leur inscription définitive. Dans certains centres même, Boulogne et Bastia, par exemple, la réduction du chiffre des marins de l’Etat coïncidait avec un accroissement des inscrits.

En outre, le contingent du recrutement était presque exclusivement composé d’ouvriers de spécialités, tandis que les inscrits comprenaient, en majorité, des matelots de pont.

Le marin purement professionnel, qui était indispensable autrefois sur les bâtimens à voiles, trouve de moins en moins son utilisation sur nos navires modernes. Ce qu’exige surtout le service d’un cuirassé, d’un torpilleur et d’un sous-marin, dernières créations du machinisme, ce sont des électriciens, des ajusteurs, des tourneurs, c’est-à-dire des ouvriers instruits et adroits. Sans parler des mécaniciens pour lesquels cette proposition est évidente, les canonniers eux-mêmes, qui forment le gros de nos équipages, doivent, à côté des servans auxquels on demande de faire preuve avant tout de force musculaire, posséder des pointeurs et des chargeurs intelligens. Le monde des pêcheurs,