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plusieurs uniformes militaires. On remarquait surtout celui de M. Hubin, député socialiste, jadis sergent aux carabiniers, qui venait de reprendre du service, et celui du duc d’Ursel, sénateur catholique, engagé depuis la veille aux Guides comme simple soldat volontaire, à l’âge de quarante et un ans !

D’habitude, et très naturellement, la tribune diplomatique d’un Parlement n’est pas un endroit où les sentimens de l’assemblée trouvent un écho bien vibrant. Ce jour-là, lorsque le Roi déclara « qu’un pays qui se défend s’impose au respect de tous et ne peut périr, » lorsque M. de Broqueville jeta à l’Allemagne son admirable défi : « Nous pouvons être vaincus, — soumis, jamais !… » lorsque la salle entière sembla sur le point de s’écrouler sous les acclamations frénétiques de l’hémicycle et des tribunes, la grandeur épique du spectacle arracha des larmes à plus d’un diplomate étranger. Ces larmes font honneur à ceux qui les ont versées autant qu’à ceux dont le beau courage les a provoquées.


Dès le lendemain, Bruxelles apprenait les premiers combats à Visé et la victorieuse résistance des forts de Liège à la formidable ruée de cinq corps de choix de l’armée allemande encore intacte[1]

Pour avoir résolument poussé l’honnêteté politique jusqu’à ses dernières conséquences, la Belgique était, d’un seul coup, entrée dans la gloire !


ALBERT DE BASSOMPIERRE.

  1. Les VIIe, VIIIe, IXe, Xe et XIe corps. Voyez l’Action de l’armée belge, page 11.