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LA HOUILLE VERTE.


dans un avenir très lointain, une cause de diminution de prospérité pour certains pays, notamment pour l’Angleterre ; mais de très nombreux gisemens de charbon déjà en exploitation dans d’autres régions, sans compter ceux qui sont connus et non encore exploités, ne viendraient-ils pas rapidement, grâce aux moyens de transport de l’industrie moderne, combler cette lacune ? On ne peut aujourd’hui, en présence des faits qui ont révélé la possibilité de voir, à un moment donné, les relations commerciales interrompues pour des périodes plus ou moins longues, s’empêcher de se préoccuper de la nécessité de rechercher quelle force industrielle peut être substituée à celle qui est produite par la houille noire. Les Pyrénées et les Alpes, par l’abondance de leurs eaux, productrices inestimables de houille blanche et verte, se trouvent, pour cette substitution, dans une situation privilégiée.

Dans les Alpes, depuis plusieurs années, on a mis à profit la houille blanche pour créer de puissantes usines hydro-électriques ; dans les Pyrénées, cette utilisation de la houille verte, dans le sens étendu indiqué plus haut, est encore à l’état embryonnaire : on doit même constater que la houille verte, sous l’ancienne forme de force purement hydraulique, n’a jusqu’ici été, dans nos régions, utilisée que dans les proportions les plus restreintes. Sur les 135 904 chevaux-vapeur que fournissent à l’étiage la Garonne, l’Ariège, le Salat, jusqu’aux points de jonction où leurs eaux se confondent, 28 508 seulement sont utilisés par les anciennes installations. Les renseignemens fournis par l’annuaire 1914-1915 des forces hydrauliques sont encore plus probans. Dans les Pyrénées, 14 sociétés possédant 19 usines utilisent 53 690 chevaux-vapeur ; tandis que dans les Alpes 524 000 chevaux-vapeur sont utilisés dans 70 usines possédées par 38 sociétés, affiliées comme celles des Pyrénées au syndicat. Le relief très abrupt du versant français, la diminution très rapide de la pente, dès qu’on s’éloigne de la crête, le lit des torrens généralement fixe et assez encaissé, avaient amené autrefois la création d’un très grand nombre de petites installations, dont la plupart étaient des moulins servant à moudre les grains nécessaires à l’alimentation de chaque famille propriétaire du moulin, ou, tout au plus, parfois, à celle d’un hameau ou d’une commune.

Si peu importantes qu’elles soient, ces usines n’en consti-