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paix. Il est impossible d’entrer ici dans les détails de cette œuvre gigantesque, car ce serait toute l’organisation du ravitaillement en France qu’il faudrait exposer. Voici en quelques mots les grandes lignes de cette organisation.

Dans chaque département fonctionne, sous la présidence du préfet, un comité départemental de ravitaillement, composé de représentans des autorités civiles et militaires. Il est chargé d’établir le plan départemental de ravitaillement. Ce plan se divise en deux parties. La première évalue les ressources de toute nature du département utilisables pour les besoins de la guerre ; la seconde étudie les voies et moyens les plus propres à l’exploitation de ces ressources. Deux commissions permanentes, dont le sous-intendant fait nécessairement partie, correspondent à cette division du plan de ravitaillement ; ce sont la commission d’évaluation et la commission d’exploitation des ressources.

La statistique des ressources, qui fait l’objet de la première partie du plan, se subdivise elle-même en deux branches. Elle comporte d’abord une statistique des stocks minima de toutes les ressources agricoles (céréales, fourrages et bétail existant chez les producteurs) et commerciales (ressources entreposées dans les magasins des commerçans et les établissemens industriels). Cette statistique permet de savoir les quantités sur lesquelles on peut compter au moment de l’année le plus défavorable : car, bien entendu, le stock varie considérablement d’une saison à l’autre pour certaines denrées, grains ou fourrages par exemple.

La seconde branche, la statistique des existences, suit au contraire d’une façon continue les variations de certaines ressources, spécialement pour le blé, la farine de blé et l’avoine, et permet de connaître ainsi les quantités réellement disponibles à tout moment de l’année. Elle indique le chiffre de la production de la région, connu par la statistique agricole annuelle, à l’établissement de laquelle collabore le directeur départemental des services agricoles, et aussi le chiffre des importations, connu, comme celui des exportations, par les renseignemens que fournit le service des douanes. Il faut, bien entendu, défalquer les quantités nécessaires aux semailles et à l’alimentation des hommes et des animaux de la région, quantités que des enquêtes spéciales permettent de connaître.