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mettre à l’œuvre ; c’est à eux qu’il appartient d’imaginer un instrument qui di\ase, remue, secoue, aère le sol tout autrement que ne font encore nos charrues et nos herses qui certainement dans cinquante ans d’ici seront reléguées dans les magasins de curiosités à côté des pieux durcis au feu des Gaulois ou des araires des sauvages. »

Il est évident en effet que la longue bande parallélipipédique que fournit la charrue n’est qu’un travail très imparfait au point de vue de la division de la matière et de l’aération, même complété par l’effet de la herse, et par celui toujours aléatoire des gelées.


Au problème si bien posé par l’illustre Dehérain divers chercheurs se sont attaqués avec des fortunes diverses. Parmi les solutions proposées il faut faire une place à part, pour son élégance et sa simplicité, à celle dont l’auteur porte un nom qui, dans cette maison, est cher et vénéré. L’appareil, que M. Xavier Charmes a appelé avec une pittoresque exactitude « l’effriteuse, » et qu’il a conçu depuis plus de douze ans et réalisé tout récemment sous sa forme définitive, pourrait bien apporter dans nos erremens agricoles la révolution si nécessaire qui leur infuserait un sang nouveau et plus riche. Sans entrer dans des détails techniques qui ne sauraient trouver place ici, il me suffira de dire que l’effriteuse de M. Charmes est constituée en principe par un châssis-automoteur portant une série de couteaux soigneusement étudiés, disposés sur un disque rotatif animé par le moteur et qui pulvérisent, effritent avec beaucoup de finesse le sol, tout en laissant sa surface parfaitement plane, ce qui réalise les conditions nécessaires aux semis réguliers et aux cultures à grand rendement. L’outil a fourni des essais très remarquables, notamment en Tunisie, et il a fait naître, chez beaucoup d’agronomes, de grands espoirs. On a constaté notamment qu’avec ce genre d’appareil les mauvaises herbes sont détruites, ce qui supprime en partie la nécessité du déchaumage, et que, d’autre part, le fumier de ferme qui, avec la charrue, se trouvait enfoui au contraire par paquets compacts et dispersés, est ici infiniment divisé et intimement incorporé aux particules du sol.

Comme il fallait s’y attendre, et comme c’est inévitablement le cas chaque fois qu’une nouveauté surgit qui heurte un peu les habitudes... et les préjugés, ce nouveau mode de travail de la terre que divers autres appareils effectuent également avec beaucoup de simplicité, a soulevé de vives critiques qui ne sont d’ailleurs pas