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navires réquisitionnés était mauvaise. Au moment où le fret est si recherché, ils ont cité des exemples de navires demeurés improductifs pendant de longs jours, au mouillage de Malte ou de Bizerte. Il est certain que, dans l’armée navale, le rendement des transports auxiliaires, pâtissant de l’incertitude qui régnait au sujet du déplacement de nos escadres, n’a pas toujours été parfait. Il serait également désirable, dans l’intérêt général du pays, que nos navires charbonniers rentrant à vide sur Cardiff, fussent autorisés à charger en cours de route pour les ports de l’Océan. Ils pourraient aussi décongestionner l’Algérie dont les exportateurs ne parviennent pas facilement à écouler leurs marchandises.

Quoi qu’il en soit, nous savons que 58 pour 100 de notre flotte marchande est ou a été employée pour le compte de la marine nationale et que 50 pour 100 environ est actuellement à son service. Comment l’administration de cette flotte considérable a-t-elle été comprise ?

Les navires réquisitionnés subissent trois régimes distincts. Les uns sont militarisés, tout en conservant leur autonomie. De ce fait, il n’y a aucune différence à, faire entre eux et un navire de guerre, quel qu’il soit. Ils appliquent les lois et règlemens concernant le service à bord ; leurs hommes sont habillés, payés, nourris dans la même forme que les marins de l’État. Leurs états-majors ont une assimilation identique avec leurs camarades des cuirassés. La Provence-II, notamment, se trouvait dans ce cas.

D’autres navires réquisitionnés sont militarisés, mais ne conservent pas leur autonomie. Ils sont administrativement rattachés à un groupement naval déjà existant : direction des mouvemens du port, défense fixe, etc. Le fait de ne pas former une unité indépendante ne modifie pas le statut de leur personnel, qui est placé sur le même pied que les autres équipages militarisés.

Tous les bâtiments militarisés hissent la flamme en tête de mât ; les navires réquisitionnés non militarisés, au contraire, n’ont pas le droit d’arborer ce signe distinctif. Ces derniers conservent leur personnel et leur commandement commercial et obéissent aux règles administratives auxquelles ils étaient soumis avant la réquisition, leurs matelots ne portent pas le col bleu. La gestion de ces navires est assurée de deux façons,