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Quant aux mines dérivantes, outre qu’il conviendra d’exercer le contrôle le plus rigoureux sur tout cargo-boat « neutre » qui, venant des mers du Nord de l’Europe, traversera nos eaux ou relâchera dans nos ports, outre qu’il conviendra, — et non pas seulement au point de vue de la guerre sous-marine, — d’organiser des croisières assez serrées dans la mer du Nord pour que les paquebots armés comme la Moewe soient à peu près sûrement interceptés à une journée de marche de leur base, il faudra nécessairement perfectionner les procédés de recherche, de repêchage et de destruction des mines déjà mises à l’eau et abandonnées aux courans. Une étude minutieuse, déjà faite en grande partie, du reste, du cours de ces fleuves marins sera fort utile et permettra d’établir dans certains parages des systèmes de filets légers qui arrêteront bon nombre des engins errans. Évidemment, il ne faudra pas craindre d’arrêter momentanément la navigation dans certaines passes, — « la Déroute, » « le Four, » le Raz de Sein, pour ne parler que de nos côtes, à nous — où les eaux s’engouffrent avec le plus de violence dans le jeu régulier des marées et où, par conséquent, les mines flottantes peuvent être fréquemment attirées. Le concours des pêcheurs, pourvu que ce concours soit régularisé et organisé intelligemment, sera tout à fait précieux, et je ne doute pas qu’on ait déjà beaucoup fait dans ce sens. Enfin il faudra multiplier les opérations de draguage des abords et des passes de tous nos ports de la Manche et de l’Atlantique. Je m’empresse de dire que ce service fonctionne déjà et qu’on lui doit la découverte de bon nombre de mines libres ou fixes qui se trouvaient portées, ou qui avaient été mouillées dans nos « chenaux de sécurité. » On sera probablement conduit à prolonger ceux-ci plus au large et par conséquent à agrandir d’une manière très sensible l’aire déjà soumise aux travaux des dragueurs. C’est une lourde et pénible tâche, une tâche dangereuse aussi. Nos marins s’en acquitteront avec le zèle attentif, avec l’abnégation tranquille qu’on admire toujours chez eux.

Dirai-je encore qu’il ne faut pas s’arrêter à prévenir de notre mieux les accidens sur lesquels nos ennemis comptent pour nous décourager, ou, au moins, pour paralyser en partie nos efforts ? Il me semble qu’il n’est pas trop tard pour penser à réparer des pertes à peu près inévitables et que, dès maintenant, — à supposer qu’on ne s’en soit pas avisé plus tôt, — il