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après-demain, tu me trouveras toujours chez moi aux mêmes heures. Tu sais, je ne suis pas la femme de l’imprévu. (A Vaucroix : ) C’est bien entendu pour Louvet, trois heures ? (Geste de Vaucroix.) Je vous laisse. Encore toutes mes excuses, Julie.


SCÈNE CINQUIÈME
JULIE, VAUCROIX.
JULIE. Elle marche vers Pierre, dès que la porte est refermée et le prend dans ses bras.

Ah ! je t’ai retrouvé, mon Pierre ! Dis-moi que tu m’aimes toujours. Dis-le-moi.

VAUCROIX, montrant la porte.

Prenez garde... Julie... Bernardine...

JULIE.

Elle pense au téléphonage et aux leçons. Ah ! Pierre, ne sois pas raisonnable. Ne me gâte pas cette minute. Ça m’a déjà tant coûté de n’être pas là, hier au soir. Dis-moi que tu m’aimes.

VAUCROIX.

Mais oui, je t’aime toujours. Seulement, laisse-moi le temps de me reconnaître. Pense à ce que j’ai traversé, à ma vie de ces quatorze mois.

JULIE.

Et la mienne donc !... D’abord, pendant les premières batailles, quand j’attendais de tes nouvelles, de courrier en courrier, et une carte arrivait, datée de quand ? De plusieurs jours auparavant, d’une semaine quelquefois. Ensuite, quand je t’ai su disparu, quand je t’ai cru mort ! Enfin, quand j’ai appris que tu étais blessé et prisonnier ! J’espère bien que tu n’es pas tout à fait guéri, que Louvet va te trouver encore un petit point, oh ! tout petit, tout petit...

VAUCROIX.

Quel souhait, pour une amie I