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19 mars en relate trente-deux. Et pour achever, nos escadrilles sont allées porter leurs obus jusqu’à plus de 200 kilomètres derrière les lignes ennemies. L’usage de l’aéroplane se multiplie et avec lui les actes de combat proprement dits.

L’expérience a montré, comme on pouvait s’y attendre, qu’aux tâches diverses proposées à l’aviation devaient correspondre des modèles différens. Pour observer et surtout pour combattre, il fallait adjoindre au pilote un passager. Pourtant, certains virtuoses, comme Garros et Pégoud, cumulaient les fonctions de pilote et de mitrailleur : ils conduisaient avec les genoux pendant qu’ils tiraient. Garros imagina le dispositif qui permet de tirer à travers l’hélice en la cuirassant. Ainsi l’on peut maintenir l’hélice en avant, ce qui est avantageux pour la traction. Le plus souvent, le mitrailleur est cependant un passager ; maintenant il y en a parfois deux, sur des appareils triplaces.

L’aéroplane est surtout vulnérable dans son moteur. Pour éviter les pannes, on a rendu le matériel plus solide et plus lourd. De là le moteur fixe, remplaçant le moteur rotatif. Pour le mettre à l’abri de la balle, on l’a blindé. Pour assurer la marche après avarie d’un moteur, on a mis un moteur de rechange. Voilà bien des augmentations de poids : bien entendu, elles ne sont pour la plupart réalisables qu’avec le biplan. Ajoutons encore la charge croissante des provisions d’essence nécessaires pour tenir l’air plus longtemps, celle des approvisionnemens de projectiles, les différens accessoires pour signaux, photographie, etc., le projecteur pour les sorties de nuit : que de complications nouvelles ! L’appareil Caudron, par exemple, dont on peut voir un exemplaire aux Invalides, est un outil de guerre perfectionné, qui donne l’impression de la puissance robuste et assurée. Néanmoins, on envisage déjà, on construit des types supérieurs. On a beaucoup parlé des appareils Sikorsky, dont le premier modèle, destiné à douze passagers, date de 1913. Depuis la guerre, on en aurait fait un autre, plus vaste encore, à 4 moteurs et pouvant tenir l’air pendant douze heures avec une charge de vingt personnes. La marine anglaise a fait construire à Buffalo, dans les usines Curtin, un type d’hydravion, agrandissement de l’Amerika, et muni de sept moteurs, avec trois hélices et trois plans de sustentation superposés. L’appareil pèse 9 775 kilogrammes ; il a 40 mètres