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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/160

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9 au 15, les Allemands firent une série de contre-attaques également inutiles, la ligne française tenant toujours par le bois en Hache, le bois de Givenchy, l’Est de Souchez, et les pentes de la colline de Vimy. Ce sont toujours dans l’ensemble les positions de nos lignes, à ceci près que, dans leur dessin, quatre saillans qu’elles faisaient ont été rabotés par les Allemands en janvier 1916.


VI

Nous voici arrivés à la hauteur d’Arras. De là jusqu’à l’Oise, nous sommes sur un champ de bataille consolidé depuis près de vingt-deux mois, et qui en 1915 a vu des jours aussi calmes que la région précédente a vu des jours orageux.

Les accidens de terrain, comme ceux qui ont donné lieu à la crête Lorette-Vimy, sont terminés. Maintenant, les assises du sol sont si faiblement ondulées qu’il a fallu le travail persévérant des géologues pour reconnaître cette ondulation. Le terrain est une nappe homogène de craie, épaisse de 60 à 80 mètres, et couverte elle-même d’un manteau de plusieurs mètres de limon. C’est une vaste étendue de céréales et de champs de betteraves, avec de gros villages, espacés les uns des autres, assemblés autour des points d’eau et enveloppés de vergers. Ils apparaissent comme des bouquets verts sur le plateau de culture. Ils se suffisent à eux-mêmes, et chacun contient les industries qui lui sont nécessaires.

Les rivières, petites, limpides, d’humeur paisible et égales dans leur débit, coulent dans de larges vallées creusées dans le plateau, et dont les berges sont à pic. L’eau des pluies, absorbée par le limon et la craie du plateau, reparaît de toutes parts dans la vallée. Autant ce plateau est sec, autant la vallée est humide, remplie de tourbières, de canaux, d’hortillons où se font les cultures maraîchères, ou de marais solitaires, dont les roseaux sont habités par le gibier d’eau. Cette largeur des vallées parcourues de courans incertains augmente leur valeur défensive.

Au Sud de la Somme, l’horizontalité est plus complète encore : on est dans la région du Santerre, haute d’environ cent mètres. Entre la Somme et l’Avre, la différence du point le plus haut avec le point le plus bas n’atteint pas vingt mètres.