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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/185

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analogie avec celui du droit sur les vins, puisque, avec 100 kilogrammes de raisins secs, on obtient 3 hectolitres d’une boisson ayant à peu près la composition normale du vin.

Ces relèvemens de droits sur les boissons dites hygiéniques sont d’autant plus justifiés que, même au taux nouveau, ils ne représentent qu’une fraction souvent faible du prix de la matière elle-même qui a subi, particulièrement dans les derniers temps, une hausse considérable : avant la guerre, le prix de l’hectolitre de vin atteignait 30 et 40 francs ; il les dépasse de beaucoup en ce moment. Un relèvement de 3 francs 50 est tout à fait insignifiant en présence de cours semblables. Cette partie de la réforme ne devrait pas donner moins de 191 millions.

Il est une autre denrée de consommation courante qui ne pouvait échapper à la réforme : c’est le sucre, qui, depuis 1903, ne payait plus que 25 francs par 100 kilogrammes, alors qu’auparavant il acquittait un droit de 60 francs. Le relèvement à 40 francs est modéré : il devrait produire, si la consommation était celle d’une année normale comme 1913, une somme de 108 millions. À cause de la guerre, il convient de n’estimer la plus-value qu’à 75 millions.

Le prix des tabacs, que vend sous des formes multiples la Régie, devra être augmenté d’environ 20 pour 100. La loi vise expressément les tabacs ordinaires (scaferlatis, poudres et carottes) parce que, seuls, les tarifs de ces tabacs dépendent du pouvoir législatif et que ceux des cigares, cigarettes, produits supérieurs, sont réglés par décret. Mais il est entendu que le relèvement doit être général ; une expérience récente a démontré que, restreint à certaines catégories, il n’aboutit qu’à un déplacement de consommation. L’accroissement de 20 pour 100 porterait de 12 francs 50 à 15 francs le prix du scaferlati ordinaire, dont la vente représente près de la moitié des produits du monopole. Les prix des cigares seraient majorés dans une proportion allant de 20 à 50 pour 100. Appliquée aux quantités vendues en 1913, la modification du prix de vente des tabacs ordinaires donnerait une plus-value de 55 millions, et celle des articles tarifés par décret 45 millions, soit au total 100 millions. Tenant compte de la restriction de consommation qu’amène la hausse des prix, il convient de tabler sur 80 millions, ce qui porte à 485 millions l’ensemble des plus-values de