Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/187

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

au principe cédulaire, on vertu duquel l’impôt est perçu sur des catégories de revenus et non sur le revenu global. Chez nous, l’impôt nouveau s’applique à la totalité des revenus du contribuable. D’autre part, il n’atteint qu’une minorité, dont le chiffre est même devenu bien plus faible que celui qui était tout d’abord envisagé par les auteurs de la loi. Ceux-ci calculaient que 450 000 Français environ seraient appelés à payer l’impôt nouveau, qui frappait en principe les revenus supérieurs à 5 000 francs. Mais on a admis, au cours de la discussion, des abattemens tels que ce n’est plus guère que 300 000 personnes qui seront touchées. Or, dans une démocratie, dans un pays de suffrage universel, il est bon qu’un nombre suffisant de ceux qui votent les taxes en ressentent les effets, ne fût-ce que dans une mesure faible. Il est mauvais que, lorsqu’un impôt est augmenté de 250 pour 100, comme ce sera le cas, si le projet de M. Ribot est accepté en ce qui concerne l’impôt général sur le revenu, ceux qui s’en apercevront représentent moins de 1 pour 100 de la population et 3 pour 100 des contribuables.

Nous applaudissons au contraire des deux mains à la partie du projet qui vise l’alcool. Jamais on ne frappera assez cette substance néfaste, cet ennemi de notre race, aussi dangereux que les hordes teutonnes. Nous déplorions le retard apporté à la discussion du projet déposé il y a huit mois sur le bureau de la Chambre : nous espérons que la suppression du privilège des bouilleurs sera enfin volée.

Toutes les autres dispositions se justifient d’elles-mêmes. L’impôt sur le sucre devra sans doute être encore augmenté et ramené à son taux d’avant 1903 ; les droits sur les boissons laissent, eux aussi, de la marge. En outre, il conviendra d’établir les taxes nouvelles que le ministre nous annonce et parmi lesquelles figurera sans doute celle qui vise la lumière électrique : elle sera d’une perception particulièrement aisée : elle pourra être prélevée par les sociétés de distribution pour compte du Trésor. Nous pensons aussi qu’il faudra rétablir les impôts sur les transports, supprimés à la fin du XIXe siècle, instituer une taxe sur la navigation intérieure, rendre le réseau d’État à l’exploitation privée, en un mot reprendre les autres points du programme dressé par nous, ici même, au mois de janvier 1915, et qui trouveront sans doute place dans les futures propositions du ministre des Finances. Il y a en réserve, dans