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comme été, les médecins assurent qu’ils ont obtenu les meilleurs résultats. Ils se louent fort également, pour le traitement de certaines blessures, de l’emploi des bains chauds, où le membre blessé demeure immergé durant de longues heures ; et c’est une des nouveautés encore de l’Eastern General Hôpital de Cambridge. A Oxford pareillement, dans les jardins de New College ou sous les portiques de Somerville, une partie des blessés sont soignés en plein air. Les autres sont hospitalisés, soit dans les salles spacieuses du bâtiment d’ordinaire affecté aux examens (Examination schools), soit, pour les officiers surtout, dans les chambres du collège de jeunes filles de Somerville, dont le parc admirable est, pour les convalescens, un merveilleux adjuvant de la guérison. L’ensemble des hôpitaux universitaires d’Oxford comprend 1 050 lits.

Leur installation a eu, d’ailleurs, des conséquences assez inattendues et a produit dans la vieille cité comme une façon de petite révolution. A Oxford et à Cambridge, les collèges de jeunes filles, admis depuis moins d’un demi-siècle dans l’Université, n’y sont point traités encore sur le pied d’une complète égalité. Leurs élèves suivent les cours, elles passent les examens comme les jeunes gens ; mais elles ne sont point autorisées à recevoir les grades. Et pareillement, les directrices des collèges féminins ne participent pas à la vie et aux conseils de l’Université. Le vieil esprit monastique de Cambridge et d’Oxford garde toujours quelque défiance, sinon quelque mépris de la femme. Or, quand Somerville College, pour les beaux ombrages de son parc, pour son voisinage aussi du grand hôpital Radcliffe, fut affecté au service sanitaire, il fallut bien loger ailleurs les jeunes filles qui y habitaient. Le joli collège d’Oriel était presque vide d’étudians. Non sans quelque trouble, on en attribua une partie aux pensionnaires de Somerville et on les logea dans ce Saint Mary hall dont, par une rencontre assez ironique, les bâtimens ont été récemment reconstruits aux frais de cet antiféministe farouche qu’était Cecil Rhodes. Quoiqu’on ait soigneusement muré le passage qui unit Saint Mary hall à la partie masculine d’Oriel Collège, Oxford demeure encore un peu étonné de cet effet imprévu de la guerre. Et peut-être bien, depuis le temps lointain du roi Alfred, fondateur légendaire de University College, ne s’est-il point produit, dans la traditionnelle cité, de plus grave ni de plus significative révolution.