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déjà citée sur l’Université de Sheffield, on lit ceci : « On comprend que, dans une ville d’armateurs, une université où s’est développée la science technique des industries du for peut rendre des services considérables. En effet, le Comité des munitions pour la ville de Sheffield tient ses séances dans l’université, qui est devenue, en conséquence, le centre d’une grande activité industrielle. C’est sous la direction d’un professeur de l’université que se fait la cuisine si délicate et si exactement dosée du cupro-nickel. Ce sont des professeurs de l’université qui, depuis un an, tiennent des classes d’enseignement pour des centaines de volontaires, qui se préparent à la fabrication des obus. Dans les usines de l’université se font des obus, des instruirions de chirurgie de toute espèce, même une partie des canons. »

Un dernier trait doit être signalé, qui est tout à l’honneur des universités d’Angleterre. Lorsque, en septembre et octobre 1914, le torrent de l’invasion allemande submergea la Belgique, Cambridge offrit officiellement l’hospitalité aux professeurs des universités belges, chassés de leur pays. Une vingtaine au moins, venus, les uns de Liège, d’autres de Gand ou de Louvain, acceptèrent avec empressement cette invitation cordiale et fraternelle ; autour d’eux, des étudians belges, soldats blessés revenus du front, jeunes gens exilés de leurs villes, se groupèrent. On en compta plus de 200 ; et d’octobre 1914 à juin 1915, pendant toute une année scolaire, une petite université belge se reconstitua dans la grande université anglaise. Aujourd’hui encore, une dizaine de professeurs belges sont les hôtes de Cambridge, et quiconque connaît l’Angleterre sait quelle est la grâce infinie de cette hospitalité. Dans toutes les universités anglaises, les Belges ont rencontré un semblable accueil. Et c’est une chose singulièrement émouvante que cette confraternité intellectuelle resserrée, fortifiée par la guerre.


J’ai tâché, monsieur le Directeur, de dresser aussi exactement, aussi complètement qu’il m’a été possible, le bilan de ce que, depuis deux ans bientôt de guerre, ont accompli les universités anglaises, « de tous les sacrifices qu’elles font, selon l’expression du vice-chancelier de l’Université de Londres, pour la victoire du droit et la liberté de l’humanité. » Mais la crise