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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 34.djvu/622

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été trompé. Or, par cette seule horreur du mensonge officiel, nos maîtres ont, sans même l’avoir cherché, mieux servi leur pays. Ils n’ont pas commis ce péché contre l’esprit qui est de subordonner la vérité. Ils n’ont pas trahi l’enfant qui se livre à eux sans défense. Ils n’ont pas, comme eût dit « leur » Kant, abaissé des fins au rang de moyens. Il en résulte qu’ils n’ont point de part dans le crime présent, s’ils en ont dans la résistance qu’il a rencontrée. L’Université de France a la conscience pure. De nobles combattans se mettent en paix avec Dieu avant d’aller courir le risque de mort. Une des forces de l’Université, à cette heure redoutable qui met à l’épreuve toutes les puissances morales au service de la France, est de se sentir en communion avec le pays, en paix avec la conscience humaine.

Il faut ajouter un dernier mot : Université n’a jamais aussi fortement signifié union, union de tous ceux qui la composent à quelque titre, soldats et civils, hommes et femmes, maîtres et élèves, depuis les grands semeurs d’idées-forces jusqu’à la fillette de l’école de hameau qui a fait, en tricotant, sa campagne d’hiver. Grâce à cette union, les grands exemples ont été répandus, les courages sans cesse exaltés, les leçons ont mieux porté, il y a eu une contagion des bonnes volontés et un courant continu d’énergie. Union sacrée dans l’Union sacrée, qui lui survivra, comme elle l’a précédée, qui fait de l’Université une des institutions les plus robustes et les plus harmonieuses du pays, une force non seulement pour la paix, mais pour la guerre, qui lui a donné de se mesurer avec les devoirs les plus divers et d’apparaître, en face d’eux, comme une grande personne morale.


RAYMOND THAMIN.