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l’industrie et le commerce des États voisins. La liquidation des maisons ennemies ne donnerait pas tous les résultats qu’on peut attendre, si elle n’était pas complétée par un ensemble de dispositions permettant de discerner, derrière les chefs appareils, les véritables maîtres d’une entreprise, c’est-à-dire les bailleurs de fonds.

Dans une série d’études remarquables sur « la loi économique des États Alliés, » l’éminent sénateur italien Maggiorino Ferraris a fort bien montré quels avantages chacun des pays de l’Entente retirerait d’une collaboration plus étroite avec ses coalisés. La Banca Commerciale, fondée par l’Allemagne sous couleur d’une aide financière à l’Italie, travailla effectivement avec de l’argent italien ; Berlin exploita l’Italie à outrance et étouffa toutes les industries qui devaient lui porter ombrage.

C’est ainsi que, pour mieux vendre à la péninsule son charbon qui, transitant par les rampes et les courbes de la Suisse, revenait toujours assez cher, les Allemands ne firent aucun effort pour électrifier les usines de la vallée du Tessin et des autres districts où les chutes d’eau devraient logiquement remplacer la houille. L’Italie, qui dispose d’une main-d’œuvre surabondante, pourrait recevoir des Alliés une foule de produits demi-finis qu’elle se chargerait de finir aux lieux et place des Allemands.

Il ne faudrait pas qu’après la guerre le capital allemand, déguisé sous un nom français, pût parler chez nous contre nous-mêmes. A l’heure actuelle il existe en France, comme en Italie, en Angleterre et en Russie, des branches, des filiales, des dépendances ou succursales d’affaires qui ne sont indigènes qu’en partie, ou seulement de façade et de nom, dont les intérêts financiers sont allemands et qui par conséquent gagnent de l’argent au profit de l’Allemagne privée, c’est-à-dire de certaines sociétés ou actionnaires ennemis. La presse allemande enregistre de temps en temps les opérations avantageuses de certaines entreprises fonctionnant en pays alliés dont les Allemands, la guerre finie, recueilleront les fruits.

Les groupes électro-techniques principaux de l’Allemagne qui viennent, en augmentant leur capital, de fonder en Suisse une « Banque pour les entreprises électriques, » ont des branches dans tous les centres importans de l’Europe ; ils ont des