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visuelle, qui est fugitive et sujette à erreurs, par l’observation photographique qui donne des documens sans équation personnelle et qu’on peut ensuite examiner à loisir. Un grand nombre des avions de reconnaissance allemands comme des nôtres sont aujourd’hui munis de téléobjectifs (fabriqués notamment par Zeiss pour nos adversaires) qui donnent des résultats remarquables. Il n’est pas jusqu’au cinématographe qui ne soit aujourd’hui adapté sur certains aéroplanes allemands et alliés. Les résultats ainsi obtenus, tout le monde les connaît par les documens qui ont été publiés dans les journaux illustrés. Grâce à eux, pour n’en citer que le plus récent exemple, notre commandement a été, pendant l’attaque de la Somme, tenu constamment au courant des effets, sur les différentes tranchées, du bombardement préliminaire à l’attaque et des mouvemens des réserves ennemies.

Une autre fonction, non moins importante, des avions éclaireurs est le repérage des batteries ennemies, que les observateurs découvrent par leurs lueurs ou leurs fumées, ou plus à loisir par la position de leur emplacement sur les téléphotographies.

L’hydravion, qui ne se distingue de l’aéroplane que parce qu’il est muni de flotteurs qui lui permettent de reposer sur la mer, joue un rôle tout à fait analogue le long des côtes ou dans les escadres de combat.

De tout ceci il résulte que l’avion éclaireur n’a point besoin d’avoir une grande sphère d’action, c’est-à-dire d’emporter un grand poids de combustible. Il doit pouvoir voler assez haut pour évoluer sans trop de danger au milieu des éclatemens des batteries antiaériennes, et pour échapper aux avions de chasse ennemis qui, volant vite, ont un plafond plus bas ; au-dessus de 2 000 mètres, d’ailleurs, il peut mépriser les balles de fusil ou de mitrailleuse venues du sol ; ses ailes et son fuselage doivent être disposés de façon adonner à l’observateur un champ visuel étendu. En somme, il doit avoir un ensemble de qualités moyennes qui en font le moins spécialisé des aéroplanes militaires.


L’avion de réglage d’artillerie est le frère du précédent. Son rôle est de régler le tir des batteries sur les objectifs qui leur sont directement invisibles, ce qui est le cas général. L’avion signale si les coups sont trop longs ou trop courts, ou à droite, ou à gauche, ou au but… ce qui est l’idéal, de diverses manières. Au début de la guerre, les avions faisaient cette signalisation en opérant certaines évolutions, en