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démonstration commencée. On y découvrait, non seulement le sarcophage royal, mais toute une série de textes hiéroglyphiques, contenant des formules de rituel, des prières destinées à préserver le défunt des mauvaises rencontres dans le monde infernal et à lui assurer une existence bienheureuse. On apprenait ainsi ce qu’on pouvait demander à ces antiques monumens, et, du même coup, apparaissait presque tout l’ensemble des croyances qui s’y rattachaient. Continuant ses fouilles révélatrices, il explorait successivement, dans le même lieu, les pyramides de Pépi Ier, Pépi II, Téti III. Le déchiffrement des inscriptions qui tapissaient les parois intérieures de ces vieilles sépultures lui permettait de reconstituer la série des rites en usage sous l’ancien Empire, au temps de la Ve et de la VIe dynastie. Rien encore n’avait projeté tant de lumière sur la religion de l’Egypte et sa première civilisation. Et, comme cette religion elle-même se montrait pleine de survivances des âges précédons, on pouvait désormais apercevoir, à travers ce passé si lointain déjà, un autre passé plus lointain encore, dont on n’avait eu jusque-là aucune notion. Une telle découverte faisait faire un grand pas aux études égyptologiques. Elle aurait suffi, seule, à assurer le renom de son auteur.

Il est impossible, naturellement, de rapporter ici, année par année, les travaux d’exploration qui remplirent cette période de 1881 à 1886, où chaque saison de fouilles apportait à l’infatigable chercheur des résultats merveilleux. Il les a exposés lui-même, avec une exactitude et une précision qui ne laissent rien à désirer, dans une série de rapports annuels, qui sont autant de documens précieux. Publiés dans le Bulletin de l’Institut égyptien, en 1885 et 1886, ils y seront longtemps consultés par les spécialistes.

Pendant tout ce temps, malgré les circonstances défavorables signalées plus haut, il réussit à maintenir en pleine activité les chantiers ouverts par Mariette et à en ouvrir lui-même de nouveaux pour une exploration méthodique des vieilles nécropoles. On y travaillait soit à consolider les temples qui menaçaient ruine, soit à déblayer les édifices à demi ensevelis ou dont l’accès avait été peu à peu fermé par l’entassement confus des débris. Rien, du reste, ne se faisait au hasard. Il avait en tête tout un plan de travail méthodique, qui devait se développer peu à peu. Et, pour le mener à bien, quand les