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qu’on le confesse ou qu’on l’invoque comme une excuse en Prusse) d’une supériorité numérique ; mais l’explication de leurs progrès ininterrompus réside dans la supériorité de leur matériel de guerre, artillerie, aviation, etc. C’est par là qu’ils ont pu s’assurer l’initiative de la lutte. » Et le même témoin insiste : « Si l’offensive des Alliés en Picardie n’avance pas à grands pas, elle use l’ennemi, elle le démoralise par une série de déroutes, elle fait échouer ses contre-attaques et occasionne la capture de milliers de prisonniers et de centaines de pièces de canon. Dans de telles conditions, il doit arriver un moment où les ouvrages fortifiés de l’ennemi cesseront d’exister et où ses réserves seront épuisées, ce qui permettra une rupture complète et décisive du front. » D’où l’enchaînement : pression, poussée, percée. Voilà pourquoi, en tout cas et, comme on dit, « quand le diable y serait, « — mais il y est déjà un peu moins, puisque la résistance allemande faiblit, — nous persévérerons.

Deuxièmement, le front italien : canonnades et petites actions, d’un bout à l’autre, du val Lagarina au val Sugana, sur les rivières, les plateaux et les montagnes, dans les Dolomites et les Alpes de Passa, sur l’lsonzo et sur le Carso. A l’Est de Gorizia, de Tolmino à la mer, sur une longueur de 50 kilomètres, l’offensive serait reprise. En Albanie, les troupes de Vallona ont procédé à quelques reconnaissances et à quelques nettoyages de la côte ; mais le haut commandement a soin d’avertir que, dans son dessein, il s’agissait d’opérations de police plutôt que d’opérations de guerre. Il n’en enfle donc pas l’intention et ne désire pas qu’on les grossisse. Mais peut-être y a-t-il là tout de même une amorce. L’Épire est voisine.

En troisième lieu, parcourons rapidement l’immense front russe. Dans le premier secteur, le plus septentrional, de Riga à Vilna et au Niémen, rien d’essentiel n’est signalé. Au Sud de Baranovitchi, afin de disséminer, en les attirant ici et ailleurs, les forces de leurs adversaires que, plus bas, ils ont une peine infinie à contenir, les Allemands ont prononcé d’ardentes attaques, qui ont échoué. Mais c’est en Volhynie, dans la région de Vladimir-Volinsky et dans celle du Sereth supérieur, en Galicie, dans la région de Brzejany, de Halicz, dans la direction de Lemberg, que les combats ont été les plus acharnés, prenant de plus en plus l’allure d’une grande bataille, et tournant peu à peu en faveur des Russes qui ont fait et continuent de faire des milliers de prisonniers ; par quoi aussi le succès se dessine nettement en victoire. Tel est le travail de Sakharoff et de Tcherbatcheff contre Bœhm-Ermolli et Bothmer, cependant que, sur les Carpathes