plein épanouissement industriel, ayant acquis dans ce domaine matériel une avance colossale, où toutes les inventions relatives à la guerre avaient été encouragées, adoptées, emmagasinées, militarisées, où la mobilisation industrielle s’était déclenchée à la même heure et avec le même automatisme que la mobilisation militaire.
La guerre a donc mis en œuvre une variété infinie d’outils de destruction, en même temps que, par un curieux anachronisme, elle ressuscitait de vieux engins d’un autre âge ; et pourtant, l’infernale chimie allemande mise à part, l’invention définitive et éclatante qui révolutionnera l’art de tuer n’a pas encore fait son apparition. L’artillerie lourde et sa puissance étaient connues depuis longtemps ; la torpille et la mine sous-marine avaient fait leurs preuves ; on n’ignorait ni les dirigeables, ni la possibilité des bombardemens aériens.
Mais ce qui a été une des révélations de la guerre, c’est l’extraordinaire puissance d’un engin léger, protégé par un obstacle artificiel vulgaire ; c’est l’accouplement d’une machine à tuer vertigineuse avec une défense accessoire tenace ; c’est la multiplication de cette terrible faucheuse, jointe au développement indéfini d’un réseau de métal inextricable ; c’est la combinaison redoutable : mitrailleuses et fils de fer !
Pourtant la mitrailleuse existait depuis longtemps comme arme de guerre, et elle n’était même pas une invention allemande ; l’usage des réseaux de fils de fer n’était pas chose nouvelle, et pas davantage issue d’un cerveau germanique ; mais de l’extraordinaire puissance d’un simple fossé jalonné de mitrailleuses, elles-mêmes défendues par un lacis de métal, la démonstration a été faite en une série de révélations sanglantes.
Qu’est-ce qu’une mitrailleuse ? Un engin portatif que trois hommes suffisent à servir, qu’un grain de sable peut enrayer, dont un choc fausse le mécanisme. Qu’est-ce qu’un réseau de fils de fer, sinon une clôture rudimentaire, banale et grossière ; mais protégez l’approche de l’une par une plantation de l’autre, créez une zone inextricable qui retiendra inexorablement une attaque sous des rafales meurtrières, accouplez la puissance destructive de l’arme à la résistance hargneuse de l’obstacle, et vous aurez constitué la plus redoutable des barrières propre à briser l’élan de la plus déterminée des offensives.
On a dénié à la race allemande tout génie inventif : il