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de la défense contre les sous-marins. La pêche de nuit a été longtemps prohibée aux abords des rades. Enfin, toute une série de mesures ont été prises pour réglementer les mouvemens de vaisseaux dans la Manche. Les harenguiers, selon leur tonnage, ne purent opérer que dans une « zone côtière » allant jusqu’à 3 milles de la laisse de basse mer ou dans une « zone du large » dont les limites, variables suivant les circonstances et la position du poisson, étaient fixées par l’officier chargé de la surveillance des navires. Les harenguiers durent faire exclusivement la pêche avec salaison à bord ; toute navigation de nuit leur fut interdite.

Les dangers résultant de la présence des mines et des sous-marins ennemis ont également nui à la pêche côtière. Les Allemands, en effet, n’ont pas craint de s’attaquer aux pêcheurs qui jouissaient jusqu’ici dans toutes les guerres d’une immunité traditionnelle. Quant aux mines, elles ne choisissent pas leurs victimes. Plusieurs barques de pêche ont été coulées par ces engins. Ce sont des dundees de la Rochelle qui, en heurtant des mines sur le plateau de Rochebonne, ont décelé la présence d’un champ de mines très dangereux.

Parmi les motifs accessoires qui contrarient l’exploitation du domaine maritime, on pourrait citer également la fermeture de nombreuses usines de conserves qui ne fonctionnent pas, faute de personnel. Mais la grande cause de diminution dans la production est incontestablement la réquisition des bâtimens à moteur et surtout celle des chalutiers. Les canots automobiles qu’on employait à traîner les filets sardiniers sur la côte du golfe de Gascogne, de la Rochelle à Saint-Jean-de-Luz et notamment les pinasses du bassin d’Arcachon, ont trouvé, lors de l’expédition des Dardanelles, un emploi tout à fait imprévu. Utilisant leur faible tirant d’eau, leur vitesse et leur puissance relatives, la marine se servit de ces petits bâtimens pour tracer une route libre aux flottilles de chalutiers et aux cuirassés. Les pinasses qui halaient autrefois les minces filets sardiniers explorèrent les détroits, nettoyèrent les champs de mines et firent l’office de remorqueurs pour assurer les relations de toutes sortes entre la flotte et le corps d’occupation. Quelques-unes de ces embarcations automobiles avaient été groupées à bord d’une sorte de mère-gigogne qui s’occupait de leur ravitaillement.