Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 36.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quelque sorte, le pouvoir exécutif d’une assemblée à laquelle leurs représentans ont, comme ceux des autres États européens, un droit de présence et un droit de vote. Leur autorité d’initiative et de coercition tient à leur situation naturelle et aux circonstances qui les ont forcées à prendre en main, dans la crise actuelle, la défense de l’univers.

De larges ententes soigneusement élaborées fixeront les rapports des nations entre elles et détermineront ce rôle particulier attribué à certaines d’entre elles. Il ne s’agit pas d’établir une suprématie quelconque, puisque toute décision doit être, devant l’assemblée des nations, l’objet d’une délibération égale et publique, mais bien d’une coopération et, encore une fois, d’une sanction.

On comprendra les raisons (ne serait-ce que la longueur même de cette étude) qui m’empêchent d’insister sur les détails d’un projet qui, d’ailleurs, se réfère aux nombreuses études antérieures consacrées à l’idée d’une Société des Nations[1]. Les questions sans nombre que soulève sa réalisation devront être étudiées dans un congrès de toutes les Puissances, congrès qui sera la véritable « assemblée constituante des États-Unis européens. »


Nous avons essayé de suivre, — en remontant des faits particuliers aux idéaux universels, — le développement probable du problème de la paix.

D’abord l’armistice ; l’armistice, œuvre des militaires et qui, pourtant, dominera les premiers linéamens des arrangemens définitifs.

L’armistice décidera des participans à la paix, décision non moins importante, non moins décisive pour l’avenir, et qui ne pourra être pesée avec trop de soin.

La question des « participans » posera la question du statut de l’Allemagne en Europe, c’est-à-dire de l’Empire militaire des Hohenzollern et du militarisme allemand : ce sera le moment de décider de son sort.

Le sort de l’Empire allemand décidera à son tour du sort

  1. On trouvera une bibliographie suffisante et un exposé juridique de « l’Union des États, » dans l’ouvrage que vient de publier M. Paul Otlet : les Problèmes internationaux de la guerre, p. 427. — J’ai à peine besoin de rappeler la belle publication de M. Léon Bourgeois : la Société des Nations, 1910.