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l’importance des paiemens que nous avons à faire au dehors. La moyenne mensuelle de ces débours, qui ne dépassait pas 250 millions de francs en 1915, s’est élevée six mois plus tard à 600 millions. L’exposé des motifs du projet de loi déposé en septembre 1916 prévoyait même que ce dernier chiffre serait dépassé. Il faut ajouter, disait ce document, « au montant des achats à payer à l’étranger, les sommes croissantes que représentent les intérêts des emprunts et des avances, et aussi les sommes qu’en échange de l’or que la Banque de France prête à la Trésorerie britannique et à la Banque d’Angleterre et qui lui sera restitué après la fin des hostilités, au moment où elle en aura besoin pour reprendre les paiemens en espèces, le Trésor français doit mettre à sa disposition pour les besoins du marché des changes. Cette opération s’exécute au moyen de l’escompte des Bons du Trésor en livres sterling, renouvelables pendant la guerre et pendant les années qui suivront immédiatement la conclusion de la paix. » Une nouvelle convention signée à cet effet, avec le gouvernement britannique, nous permet de faire face, dans une large mesure, à nos engagemens envers les pays qui sont nos principaux fournisseurs, et à maintenir la stabilité de nos changes.

Emprunts de titres étrangers à des capitalistes français. — Enfin il est une dernière opération effectuée par le Trésor français qui doit être enregistrée au chapitre des emprunts, c’est la remise, sollicitée par lui, de titres étrangers que les propriétaires lui prêtent aux conditions de l’avis publié par le Journal officiel du 5 mai 1916. L’idée maîtresse de cette combinaison, qui a été appliquée en premier lieu par le gouvernement anglais, est de fournir à l’Etat des valeurs mobilières, fonds publics, obligations ou actions de sociétés étrangères, qui lui permettent de se procurer des ressources dans les pays d’où émanent ces valeurs ou sur les marchés où elles sont négociables. En agissant ainsi, l’Etat ne fait qu’accélérer un mouvement qui doit se produire spontanément à des époques comme celles où nous sommes. Les milliards que, en d’autres temps, Anglais et Français ont placés au dehors, doivent être rapatriés. Les particuliers sont doublement incités à réaliser les titres de cette catégorie, acquis par eux pendant la paix ; en effet, le change, devenu favorable aux pays étrangers, fait que les propriétaires obtiennent un bénéfice additionnel en vendant leurs