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Roupel est livré aux Bulgares, par une double trahison, trahison envers la Grèce, trahison envers les Puissances créatrices et protectrices de la Grèce. Le général Sarrail déclare en état de siège le territoire de Salonique, et Constantin proteste encore. Par leur note du 21 juin, ces Puissances demandent alors quatre choses : la démobilisation de l’armée grecque ; le renvoi du ministère Skouloudis ; la dissolution de la Chambre mal élue ; le remplacement de certains fonctionnaires de la police. A cette date, déjà, ceux qui connaissent bien la situation et les intentions du Roi, conseillent discrètement le blocus des quatre ports de Patras, de Calamata, du Pirée et de Volo. Mais le roi Constantin sent que c’est sérieux, il accepte; ce qui peut être une manière moins dangereuse.et plus sûre de résister.

Il ne fait que feindre une démobilisation. Aussitôt, phénomène étrange, ces réservistes qui, tant qu’ils étaient assemblés, ne craignaient que de se battre et ne brûlaient que de retourner chez eux, maintenant qu’on les sépare, ne brûlent que d’être rappelés et de faire parler la poudre. Ils se forment partout en ligues, s’enrôlent, s’enrégimentent. Au commencement d’août, la Macédoine est envahie par les Bulgares, et ce sont, du coup, les nouvelles élections qu’implique la dissolution de la Chambre rendues impossibles, tout justement dans les provinces où le parti libéral aurait une énorme majorité. Cependant, ce parti hésite à recourir aux moyens extra-légaux. Mais, vers le 15 septembre, sous l’affront bulgare, le général Zymbrakakis et le colonel Christodoulos créent le Comité de défense nationale à Salonique ; des bagarres éclatent aux portes des casernes ; officiers et soldats qui ne peuvent supporter la honte sont traités comme des rebelles. Les Puissances protectrices se fâchent : elles exigent le renvoi des deux mauvais génies du Roi, le général Dousmanis et le colonel Metaxas. Leurs escadres viennent se ranger dans la baie de Salamine, et elles présentent une deuxième ou troisième note, celle-ci en trois points : 1° Remise des télégraphes; 2° Expulsion des corrupteurs étrangers; 3° Poursuites contre les espions. A cette note, comme à l’autre ou comme aux autres, le roi Constantin acquiesce et souscrit. N’empêche que le colonel Hadjopoulos, à Cavalla, se rend aux Germano-Bulgares avec ses troupes, qui sont emmenées et internées à Goerlitz, en Silésie. Le Roi n’a pour lui et pour elles que des paroles d’admiration, salue en lui et en elles des héros, de même qu’il n’a, pour les bandes de réservistes qui se préparent, que des paroles d’encouragement. Le président du Conseil, M. Zaïmis, honnête homme, quoique faible, s’indigne et s’en va. Après quelques