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KANT ET M. WILSON

Chacun a compris l’importance du geste de M. Wilson rompant les relations diplomatiques entre les États-Unis et l’Allemagne. Cette ferme attitude avive encore les profondes sympathies qui nous unissent à la grande République américaine. L’acte de M. Wilson a été salué par les acclamations chaleureuses des peuples de l’Entente. Hier, on épiloguait encore avec passion sur la noie aux belligérans et sur le message au Sénat américain. Aujourd’hui, on les met au second plan. Mais est-on sûr d’en avoir pleinement pénétré le sens et compris la portée ? Il ne faut pas oublier que M. Wilson invoque les principes de son message dans la notification qu’il adresse aux neutres de sa rupture avec l’Allemagne. Il n’est donc pas sans intérêt de reprendre ces documens et d’en tenter l’analyse.

On se rappelle combien l’annonce d’une note de M. Wilson aux Puissances belligérantes avait excité l’intérêt de l’Europe. Le chef d’un grand État neutre, un homme éminent et respecté allait officiellement faire connaître sa pensée. Quelles paroles décisives prononcerait-il ? Quel jugement allait-il porter ? La note ne permit pas de répondre à ces questions. M. Wilson demandait aux belligérans de préciser leurs buts de guerre ; il tenait pour indispensable que l’Amérique fût mise à même de les apprécier. Cependant il n’offrait pas la médiation de son gouvernement, et déclarait même qu’il renonçait à intervenir en quoi que ce fût lors de la discussion du traité qui terminerait les hostilités ; il voulait savoir seulement à quelle distance on était encore « du havre de la paix. » Au reste, M. Wilson semblait mettre sur le même plan tous les belligérans ; il ne recherchait pas les