Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 37.djvu/904

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

actualités permanentes que la guerre remet sans cesse à l’ordre du jour de l’opinion publique. Elle a voulu, elle aussi, par l’attribution de ses « prix de vertu, » faire le plus de bien possible. En 1914, la fondation Carnot lui a permis de secourir « quatre-vingt-dix-neuf veuves d’ouvriers, chargées d’enfans. » Mais maintenant, ce n’est plus seulement aux veuves d’ouvriers qu’il faut songer. Combien de foyers en deuil sont assombris par l’absence du chef de famille, époux et pore, tombé au champ d’honneur ! L’Académie des Sciences morales et politiques avait maintes raisons de ne point ignorer l’« Assistance mutuelle des veuves de la guerre, » fondée par M. Frédéric Masson, un « vétéran de la mutualité, » avec le concours de plusieurs de ses confrères de l’Institut. Cette œuvre excellente, qui, dans les six premiers mois de son existence, a distribué près de 40 000 francs, mais qui, après avoir couru au plus pressé, voudrait maintenant assurer l’avenir par l’organisation de la mutualité des veuves et par l’éducation des orphelins de la guerre, vient de recevoir de l’Académie des Sciences morales et politiques une récompense qui est en même temps une consécration. Sur le rapport de M. Villey-Desmeserets, lu dans la séance du 1er juillet 1916, constatant que la Mutuelle des veuves de la guerre n’est pas « une œuvre unique, mais tout un essaim d’œuvres, plus intéressantes les unes que les autres, jaillissant de la même source : conseils juridiques, comité d’éducation, placement, ouvroir, caisse de prêts, vestiaire, sans parler de la caisse des secours exceptionnels, » la rente viagère instituée par le prix Corbay est attribuée à M. Frédéric Masson qui, moyennant cette aubaine de 250 francs par an, assure, grâce à un système inventé par son ingénieuse bienfaisance, « l’éducation intégrale de soixante orphelins[1]. » A l’œuvre des orphelins de la préfecture de la Seine, à la fédération des cantines maternelles, à l’œuvre des soldats aveugles, inspirée et dirigée par M. Vallery-Radot, l’Académie des Sciences morales et politiques a voulu assurer ou renouveler les effets d’une sollicitude toujours attentive à secourir la souffrance noblement supportée. La Compagnie, soucieuse d’honorer toutes les vertus que la guerre a révélées ou exaltées, vient d’offrir à M. Lenglet, maire de Reims, en même temps qu’un hommage reconnaissant

  1. Discours de M. Henri Joly, président de l’Académie des Sciences morales et politiques, à la séance publique annuelle du 9 décembre 1916.