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que font alors les deux rayons visuels et la distance des deux observateurs, on en déduit la distance cherchée, car on a ainsi un triangle don ttoutes, les dimensions sont déterminées, puisqu’on en connaît la base et les deux angles adjacens à cette base. C’est par des procédés analogues qu’on a déterminé exactement les dimensions de la Terre et les distances géodésiques, en partant d’une base préalablement connue. C’est pareillement par une triangulation en partant d’une base que les géomètres et les topographes font leurs levers. Lorsque nous apprécions à l’œil nu la distance d’un objet situé à quelques mètres, nous estimons inconsciemment l’angle que forment les rayons visuels menés de nos deux yeux à l’objet ; dans ce cas, c’est la distance de nos yeux qui sert de base, et tout le monde fait ainsi, sans le savoir, de la triangulation et de la trigonométrie, comme M. Jourdain faisait de la prose.

Dans les télémètres militaires et marins, on emploie pareillement une base de longueur connue et on détermine l’angle que font les rayons visuels menés de l’objet aux deux extrémités de cette base, angle qu’on appelle, depuis que les astronomes ont introduit ce terme ésotérique, la parallaxe de l’objet.

On peut prendre comme type de ces appareils le télémètre Barr et Stroud, qui est connu et répandu un peu partout depuis une trentaine d’années.

Deux objectifs placés à l’extrémité d’un tube métallique servant de base, parallèles à ce tube et entre eux, reçoivent la lumière de l’objet ; grâce à un système de prismes à réflexion totale, ils renvoient cette lumière vers un oculaire unique placé au milieu du tube. L’œil voit ainsi, l’une au-dessus de l’autre, deux parties de l’objet dont les images sont données respectivement par les deux objectifs. Il ne reste qu’à amener en coïncidence, ou plutôt en juxtaposition, ces deux parties de l’objet, ce qu’on fait en inclinant l’un des prismes à réflexion totale d’une quantité correspondante à la parallaxe de l’objet. Un index gradué, solidaire du prisme qu’on a fait tourner, donne immédiatement la distance cherchée.

Il est évident que cette distance est donnée avec d’autant plus de précision que la parallaxe est plus grande et que la base est plus longue ; car, pour une distance donnée, la parallaxe est d’autant plus grande que la base est plus étendue. C’est pour cela que pour mesurer la distance des étoiles, qui sont, comme on sait, assez éloignées, on a dû, faute de base suffisamment grande existant sur la Terre, prendre pour base le diamètre de l’orbite terrestre, soit